2 pages et demie in-4 (237 x 188 mm), sous chemise demi-maroquin rouge moderne. Magnifique lettre dans laquelle éclate toute l’admiration de Wagner pour Berlioz. Exilé en Suisse, en raison de sa participation à la révolution de Dresde en 1849, Wagner travaillait alors en solitaire à sa Tétralogie. Confiant et plein d’espoir, il écrit à Berlioz, rencontré lors de son long séjour à Paris, s’adressant à lui comme à un aîné et à un maître. Quel malheur pour moi que vous ne compreniez pas l’allemand. Par cette seule circonstance, je sens que je resterai toujours étranger pour vous, c’est-à-dire que vous ne me connaîtrez jamais si intimement, comme je le désire, pour être heureux dans votre embrasement. Certes je ne vante pas mon terrible Français [sic] ; pourtant il me permet de goûter vos expectorations littéraires […] je n’en ai pas du tout besoin pour connaître votre musique, pendant que vous ne connaîtrez jamais même ma musique en ignorant la langue, dans laquelle des desseins poétiques sont conçus, dont ma musique n’est que l’illustration colorée. Comme le contraire, c’est-à-dire : l’échangement [sic] de nos positions serait heureux ! Maintenant, que faire ? [...] j’userai bien de l’avantage que j’ai sur vous, et je m’occuperai autant plus de vous, qu’il vous est défendu de ne pas vous occuper de moi : avec cela j’aurai l’autre avantage, de ne pas vous faire apercevoir [sic] trop clairement mon infériorité [...] Au fait ! Envoyez-moi vos partitions imprimées : j’ai le plus vive [sic] désir de les étudier note par note.... Mais, regardez cela comme une affaire sérieuse pour moi ! J’aurai votre réponse, n’est-ce pas ? Il évoque ensuite les Soirées de l’orchestre, recueil d’articles de Berlioz que celui-ci lui avait envoyé et dont il fait un grand éloge : Je les ai lues pendant un séjour aux Alpes, à 2000 pieds au-dessus du lac des 4 cantons. En même temps je travaillais à l’écriture d’une nouvelle partition ; dans les intervalles d’une page à l’autre, je prenais votre livre et trop souvent j’oubliais parfaitement de continuer mon travail, quoique l’écriture avait déjà longtemps séché. O, que de fois étais-je si près de vous, pour toucher votre main ! [...] Pourtant vous avez tort de mettre en doute ce que Beethoven ne savait pas garder la mesure en — dansant les danses odieuses de nos bals : au contraire, j’y crois de bonne foi, et je crois aussi que la mesure de ses symphonies est très différente de la mesure gardée par les danseurs de nos contredanses [...] Liszt viendra me voir au mois de décembre : il me jouera ses nouvelles partitions, et nous jouerons et chanterons les miennes. Auriez-vous envie d’être le troisième à ce rendez-vous ? Aussi je pense à vous faire avoir un jour un orchestre assez bon, pour diriger une de vos symphonies, peut-être au printemps. Du reste, je me trouve mal et misérable. Et vous ? Richard Wagner Sämtliche Briefe, H-J Moser et J. Forner, volume VII, Leipzig, VEB 1988, n°114. Les éditeurs n’ayant pas localisé l’original, la lettre y est publiée, en allemand, d’après la traduction parue le 15 décembre 1903 dans le Berliner Neueste Nachrichten. Elle a également été en partie publiée en 1903 dans La Semaine littéraire, vol. 11, p. 606. Berlioz, Correspondance générale, éd. P. Citron, t. V, p. 150-152, pour la réponse de Berlioz, datée du 10 septembre 1855.
2 pages et demie in-4 (237 x 188 mm), sous chemise demi-maroquin rouge moderne. Magnifique lettre dans laquelle éclate toute l’admiration de Wagner pour Berlioz. Exilé en Suisse, en raison de sa participation à la révolution de Dresde en 1849, Wagner travaillait alors en solitaire à sa Tétralogie. Confiant et plein d’espoir, il écrit à Berlioz, rencontré lors de son long séjour à Paris, s’adressant à lui comme à un aîné et à un maître. Quel malheur pour moi que vous ne compreniez pas l’allemand. Par cette seule circonstance, je sens que je resterai toujours étranger pour vous, c’est-à-dire que vous ne me connaîtrez jamais si intimement, comme je le désire, pour être heureux dans votre embrasement. Certes je ne vante pas mon terrible Français [sic] ; pourtant il me permet de goûter vos expectorations littéraires […] je n’en ai pas du tout besoin pour connaître votre musique, pendant que vous ne connaîtrez jamais même ma musique en ignorant la langue, dans laquelle des desseins poétiques sont conçus, dont ma musique n’est que l’illustration colorée. Comme le contraire, c’est-à-dire : l’échangement [sic] de nos positions serait heureux ! Maintenant, que faire ? [...] j’userai bien de l’avantage que j’ai sur vous, et je m’occuperai autant plus de vous, qu’il vous est défendu de ne pas vous occuper de moi : avec cela j’aurai l’autre avantage, de ne pas vous faire apercevoir [sic] trop clairement mon infériorité [...] Au fait ! Envoyez-moi vos partitions imprimées : j’ai le plus vive [sic] désir de les étudier note par note.... Mais, regardez cela comme une affaire sérieuse pour moi ! J’aurai votre réponse, n’est-ce pas ? Il évoque ensuite les Soirées de l’orchestre, recueil d’articles de Berlioz que celui-ci lui avait envoyé et dont il fait un grand éloge : Je les ai lues pendant un séjour aux Alpes, à 2000 pieds au-dessus du lac des 4 cantons. En même temps je travaillais à l’écriture d’une nouvelle partition ; dans les intervalles d’une page à l’autre, je prenais votre livre et trop souvent j’oubliais parfaitement de continuer mon travail, quoique l’écriture avait déjà longtemps séché. O, que de fois étais-je si près de vous, pour toucher votre main ! [...] Pourtant vous avez tort de mettre en doute ce que Beethoven ne savait pas garder la mesure en — dansant les danses odieuses de nos bals : au contraire, j’y crois de bonne foi, et je crois aussi que la mesure de ses symphonies est très différente de la mesure gardée par les danseurs de nos contredanses [...] Liszt viendra me voir au mois de décembre : il me jouera ses nouvelles partitions, et nous jouerons et chanterons les miennes. Auriez-vous envie d’être le troisième à ce rendez-vous ? Aussi je pense à vous faire avoir un jour un orchestre assez bon, pour diriger une de vos symphonies, peut-être au printemps. Du reste, je me trouve mal et misérable. Et vous ? Richard Wagner Sämtliche Briefe, H-J Moser et J. Forner, volume VII, Leipzig, VEB 1988, n°114. Les éditeurs n’ayant pas localisé l’original, la lettre y est publiée, en allemand, d’après la traduction parue le 15 décembre 1903 dans le Berliner Neueste Nachrichten. Elle a également été en partie publiée en 1903 dans La Semaine littéraire, vol. 11, p. 606. Berlioz, Correspondance générale, éd. P. Citron, t. V, p. 150-152, pour la réponse de Berlioz, datée du 10 septembre 1855.
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