Beschreibung:

APOLLINAIRE, Guillaume (1880-1918)
Alcools. Paris : Mercure de France, 1913.
L’exemplaire du critique Henri Martineau, avec la lettre où Apollinaire justifie l'absence de ponctuation dans le recueil.
"Pour ce qui concerne la ponctuation je ne l'ai supprimée que parce qu'elle m'a paru inutile et elle l'est en effet"
Médecin, poète et critique d’art, Henri Martineau se figurait Apollinaire comme un "original sympathique [...] qui ne craint pas d'afficher son goût pour la bizarrerie". Il écrivait en juillet 1913 dans Le Divan : "Nous voilà averti ; et, avant même de lire ses vers, notons dès le volume ouvert ce nouveau souci de négliger toute ponctuation et qui nous livre deux cents pages sans un point ni une virgule. Du moins sommes-nous récompensés de notre effort : Guillaume Apollinaire est un poète charmant." L'auteur d'Alcools lui répond dans une lettre du 19 juillet, jointe à cet exemplaire : "Merci d'avoir goûté mes vers. Toutefois ce n'est pas la bizarrerie qui me plaît, c'est la vie et quand on sait voir autour de soi on voit les choses les plus curieuses et les plus attachantes." Apollinaire s'explique quant à l'absence de ponctuation, qu'il avait supprimée dès les premières épreuves du recueil : "le rythme même et la coupe des vers voilà la véritable ponctuation et il n'en est point besoin d'une autre". Il revient sur son processus créatif, expliquant qu'il compose ses poèmes "généralement en marchant et en chantant sur deux ou trois airs qui me sont venus naturellement. [...] La ponctuation courante ne s'appliquerait point à de telles chansons." Le poète s'insurge quelque peu contre Martineau qui l'avait qualifié de "passionnant brocanteur", sans pour autant masquer sa satisfaction quant à l'article : "brocanteur me paraît un qualificatif très injuste pour un poète qui a écrit un si petit nombre de pièces dans ce long espace de quinze ans. Pour le demeurant, je suis extrêmement heureux d'avoir été goûté par vous."
"Chacun de mes poèmes est la commémoration d'un événement de ma vie et le plus souvent il s'agit de tristesse mais j'ai des joies aussi que je chante"
Envoi autographe signé de l'auteur : "au Dr Martineau, hommage attentif de Guillaume Apollinaire"
Enrichi du manuscrit du poème d'Apollinaire "Le son du cor", de la main de son secrétaire le Baron Mollet, paru en juillet 1914 dans la Revue Franc-Wallone.
Talvart, I, 7A ; V. Martin-Schmets, Correspondance générale, t. I, n° 460 (lettre citée) et t. III, n° E219 (envoi cité).
In-12 (181 x 115 mm). Édition originale. Exemplaire du tirage courant, n° 870. Manque le portrait de l'auteur par Picasso en frontispice. Enrichi d’une lettre autographe signée de Guillaume Apollinaire à Henri Martineau, [Paris], datée du 19 juillet 1913, 3 pp. à l’encre sur bi-feuillet, montée en début d’ouvrage, et d’un poème manuscrit, "Le son du cor", de la main du Baron Mollet à l'exception du titre qui est bien autographe par Apollinaire, 1 p. à l’encre, monté en début d’ouvrage, et une coupure de presse annonçant la mort d'Apollinaire, montée en début d'ouvrage (la lettre et le poème autographes sont restaurés au niveau de coins et d’anciennes pliures). Reliure signée Semet et Plumelle : maroquin noir janséniste, dos à nerfs titré or, doublures et gardes de maroquin grenat, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés. Étui.
Provenance : Henri Martineau (1882-1958 ; envoi)
First edition. Martineau's copy, inscribed to him by the poet and comprising the autograph letter in which Apollinaire explains why he suppressed the punctuation in the book, in response of an article that Martineau wrote about Alcools. With an additional autograph poem by the author.