Balzac, Honoré de LETTRE AUTOGRAPHE A LA DUCHESSE D'ABRANTES, SIGNÉE HONORÉ DE BALZAC, DATÉE VILLEPARISIS 22 JUILLET [1825], 3 PAGES ET DEMIE IN-4 (227 X 181 MM), SOUS CHEMISE DEMI-MAROQUIN NOIR MODERNE. LONGUE ET TRES BELLE LETTRE DE JEUNESSE A L'UNE DES GRANDES INSPIRATRICES DE BALZAC. SAISISSANT AUTOPORTRAIT QU’IL SIGNE “DE” BALZAC, ACCOLANT POUR LA PREMIERE FOIS LA PARTICULE A SON NOM. Laure saint-Martin Permon (1784-1838), fut l’épouse du général junot, duc d’Abrantès. à la mort de ce dernier, elle s’installe à Versailles. Balzac la rencontre vers 1825 – époque de cette lettre – chez Mme Gay et chez les surville. Il l’encourage et l’aide à écrire ses Mémoires, véritable témoignage de la révolution, de l'empire et de la restauration, dont il s’inspira pour ses Scènes de la Vie Parisienne. Ils échangent de nombreuses lettres jusqu’à la mort de celle-ci en 1838. Leur liaison amoureuse durera de l’été 1829 à 1833, et ce malgré la présence de Madame de Balzac et de Madame de Berny. Cette lettre est un vibrant plaidoyer pro domo, Balzac venant de recevoir de Mme d'Abrantès une lettre où elle lui reprochait ses moqueries et son manque d'indépendance. respectueusement, mais fermement, le jeune romancier (il avait alors 26 ans) s’emploie à réfuter ces deux accusations, qu'il estime injustes et sans fondement. Balzac évoque la traduction de Casti et Inès que Mme d'Abrantès lui a communiquée. nulle indiscrétion à craindre, assure-t-il : ... je connais les exigences et la pudeur des auteurs, et je ne suis pas homme à déchirer le voile dont vous couvrez vos écrits, comme ces fleuristes qui jettent une gaze sur leurs guirlandes commencées. Il critique cependant ce texte, qui lui semble manquer un peu de naturel. Balzac lui assure qu’il ne se moque pas d’elle : La moquerie est ce qu'il y a de plus froid dans le monde, elle annonce toujours quelque sécheresse dans le coeur, et le grand va rarement sans le bon. Ensuite je vous demanderai de quoi je puis me moquer, et sur quoi… Il répond à une critique de sa correspondante lui reprochant d'être dans des chaînes fleuries [allusion à sa liaison avec Mme de Berny]. Il brosse, pendant près de trois pages, un LONG ET REMARQUABLE AUTOPORTRAIT, insistant sur son indépendance absolue et sur les contradictions de son caractère. D'abord, on ne saurait l'accuser de manquer d'énergie ! Mais, ajoute-t-il en confidence, je suis vieux de souffrances, et vous n'auriez jamais présumé mon âge d'après ma figure gaie. Je n'ai même pas eu de revers, j'ai toujours été courbé sous un poids terrible ... Je suis tout étonné de n'avoir plus à combattre que la fortune. Et il souligne : Tout ceci n'est à autre fin que de vous assurer que, de la dure contrainte dans laquelle j'ai vécu, est-il au moins résulté une sauvage énergie et une horreur pour tout ce qui sent le joug dont vous ne pouvez pas avoir idée. Rien ne lui est donc plus cher que l'indépendance : J'ai tout refusé, en fait de places à cause de la subordination, et, sur cet article, je suis un vrai sauvage ... j'ai le caractère le plus singulier que je connaisse. Il connaît bien ses propres contradictions : Celui qui dira que je suis extrêmement brave, enfin savant ou ignorant, plein de talents ou inepte, rien ne m'étonne plus de moi-même. Je finis par croire que je ne suis qu'un instrument dont les circonstances jouent. Mais n'est-ce pas là précisément le destin de ceux qui, comme lui, prétendent vouloir peindre toutes les affections et le coeur humain ? ... Je commence à le croire. Il signe Honoré de Balzac « cédant pour la première fois aux charmes de la particule » (cf. Nadine Satiat, Balzac ou la fureur d’écrire p. 113). Publiée dans L'Année balzacienne 1960 (p. 267-271), mais d'après une copie comprenant de nombreuses petites erreurs de lecture ; reproduite également dans Correspondance, édition de R. Pierrot et H. Yon, Bibliothèque de la Pléiade, n°25-8. Dans l'édition 1876 de la Correspondance, où elle parut d'abord, cette lettre était faussement da
Balzac, Honoré de LETTRE AUTOGRAPHE A LA DUCHESSE D'ABRANTES, SIGNÉE HONORÉ DE BALZAC, DATÉE VILLEPARISIS 22 JUILLET [1825], 3 PAGES ET DEMIE IN-4 (227 X 181 MM), SOUS CHEMISE DEMI-MAROQUIN NOIR MODERNE. LONGUE ET TRES BELLE LETTRE DE JEUNESSE A L'UNE DES GRANDES INSPIRATRICES DE BALZAC. SAISISSANT AUTOPORTRAIT QU’IL SIGNE “DE” BALZAC, ACCOLANT POUR LA PREMIERE FOIS LA PARTICULE A SON NOM. Laure saint-Martin Permon (1784-1838), fut l’épouse du général junot, duc d’Abrantès. à la mort de ce dernier, elle s’installe à Versailles. Balzac la rencontre vers 1825 – époque de cette lettre – chez Mme Gay et chez les surville. Il l’encourage et l’aide à écrire ses Mémoires, véritable témoignage de la révolution, de l'empire et de la restauration, dont il s’inspira pour ses Scènes de la Vie Parisienne. Ils échangent de nombreuses lettres jusqu’à la mort de celle-ci en 1838. Leur liaison amoureuse durera de l’été 1829 à 1833, et ce malgré la présence de Madame de Balzac et de Madame de Berny. Cette lettre est un vibrant plaidoyer pro domo, Balzac venant de recevoir de Mme d'Abrantès une lettre où elle lui reprochait ses moqueries et son manque d'indépendance. respectueusement, mais fermement, le jeune romancier (il avait alors 26 ans) s’emploie à réfuter ces deux accusations, qu'il estime injustes et sans fondement. Balzac évoque la traduction de Casti et Inès que Mme d'Abrantès lui a communiquée. nulle indiscrétion à craindre, assure-t-il : ... je connais les exigences et la pudeur des auteurs, et je ne suis pas homme à déchirer le voile dont vous couvrez vos écrits, comme ces fleuristes qui jettent une gaze sur leurs guirlandes commencées. Il critique cependant ce texte, qui lui semble manquer un peu de naturel. Balzac lui assure qu’il ne se moque pas d’elle : La moquerie est ce qu'il y a de plus froid dans le monde, elle annonce toujours quelque sécheresse dans le coeur, et le grand va rarement sans le bon. Ensuite je vous demanderai de quoi je puis me moquer, et sur quoi… Il répond à une critique de sa correspondante lui reprochant d'être dans des chaînes fleuries [allusion à sa liaison avec Mme de Berny]. Il brosse, pendant près de trois pages, un LONG ET REMARQUABLE AUTOPORTRAIT, insistant sur son indépendance absolue et sur les contradictions de son caractère. D'abord, on ne saurait l'accuser de manquer d'énergie ! Mais, ajoute-t-il en confidence, je suis vieux de souffrances, et vous n'auriez jamais présumé mon âge d'après ma figure gaie. Je n'ai même pas eu de revers, j'ai toujours été courbé sous un poids terrible ... Je suis tout étonné de n'avoir plus à combattre que la fortune. Et il souligne : Tout ceci n'est à autre fin que de vous assurer que, de la dure contrainte dans laquelle j'ai vécu, est-il au moins résulté une sauvage énergie et une horreur pour tout ce qui sent le joug dont vous ne pouvez pas avoir idée. Rien ne lui est donc plus cher que l'indépendance : J'ai tout refusé, en fait de places à cause de la subordination, et, sur cet article, je suis un vrai sauvage ... j'ai le caractère le plus singulier que je connaisse. Il connaît bien ses propres contradictions : Celui qui dira que je suis extrêmement brave, enfin savant ou ignorant, plein de talents ou inepte, rien ne m'étonne plus de moi-même. Je finis par croire que je ne suis qu'un instrument dont les circonstances jouent. Mais n'est-ce pas là précisément le destin de ceux qui, comme lui, prétendent vouloir peindre toutes les affections et le coeur humain ? ... Je commence à le croire. Il signe Honoré de Balzac « cédant pour la première fois aux charmes de la particule » (cf. Nadine Satiat, Balzac ou la fureur d’écrire p. 113). Publiée dans L'Année balzacienne 1960 (p. 267-271), mais d'après une copie comprenant de nombreuses petites erreurs de lecture ; reproduite également dans Correspondance, édition de R. Pierrot et H. Yon, Bibliothèque de la Pléiade, n°25-8. Dans l'édition 1876 de la Correspondance, où elle parut d'abord, cette lettre était faussement da
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