[BARBEY D'AUREVILLY (J)]. [Poésies]. Caen : Hardel, 1854, in-16 carré, demi-basane maroquinée rouge, plats de tissu à décor végétal rouge, vert et écru, dos lisse avec titre en long, non rogné (reliure ancienne). Édition originale très rare de la première plaquette de poèmes de l'auteur. Elle fut éditée sans nom d'auteur ni titre par son ami G.-S. Trébutien (1800-1870). Si la première oeuvre connue, composée et publiée par Barbey est un poème, l'Élégie aux héros des Thermopyles (1825), que le tout jeune homme dédia à Casimir Delavigne, il a toujours affirmer qu'il n'était « pas un poète officiel ». Il écrit à Trébutien, en 1851 : « Jamais vers de moi ne seront imprimés, mais il m'est agréable de conserver ces bouts-rimés, qui sont des dates de sentiments dans ma vie. On les montre à vingt-cinq personnes qu'on aime et voilà tout ! […] On les ferait tirer à vingt-cinq exemplaires […, mais] il faudrait vingt-cinq exemplaires joliment bien ! » Alors, quelque temps plus tard, lorsque le même Trébutien lui propose d'éditer ses « vers de prosateur », Barbey accepte, mais à la condition impérative que cela ressemble le moins que possible à un livre : la plaquette sera anonyme et sans titre ! Seules les armes de l'auteur reproduites en lieu et place du titre, et la préface, par laquelle Barbey « restitue » ses vers à Trébutien - sans qui ils n'existeraient pas - identifient l'auteur. La plaquette comporte 12 pièces de vers. Ce ne sera que très tardivement, dans ses Disjecta Membra, que Barbey songera à rassembler et à publier « officiellement » ces oeuvres anciennes, augmentées de quelques créations plus récentes, dans un recueil qu'il souhaite intituler Poussières et qui ne verra le jour que fort longtemps après sa mort, chez Lemerre, en 1897. L'un des 36 exemplaires imprimés sur papier de Hollande. Sont joints : - une L.A.S. à Charles Baudelaire à l'encre bleue, datée lundi matin 21. 1 p. in-12 (traces de pliures). Barbey d'Aurevilly et Baudelaire eurent très tôt une vive admiration réciproque pour leurs oeuvres. Baudelaire cite Le Dandysme, dès son Salon de 1846. Barbey, quant à lui, aida Baudelaire à publier ses traductions de Poe au Pays et les y défendit dans ses articles. Rapidement leur relation devint une amitié chaleureuse et peu commune. Ils se voyaient souvent, parfois même quotidiennement, surtout autour des années 1857-1859. Si l'on ne connaît que deux lettres adressées par Baudelaire à Barbey, plus d'une douzaine nous sont connues de Barbey à Baudelaire. Il y est fait régulièrement allusion à leurs travaux respectifs, Barbey lui écrit longuement son admiration après l'envoi des poèmes L'Albatros et Le Voyage. Leur amitié y prend rapidement un ton très libre et souvent fort original, en particulier dans les qualificatifs dont ils s'affublent mutuellement. Ainsi, pour Barbey, Baudelaire est sa « chère crapule de génie », son « Nabuchodonosaur (sic) du Diable » ou encore son « vicieux poète » tandis que Barbey est pour Baudelaire cet « homme vicieux qui sait se faire aimer », « ce monstre parfait » ou encore son « vieux mauvais sujet » et c'est d'ailleurs ainsi qu'il le nomme dans nombre de ses lettres à d'autres correspondants, tels Mme Aupick, Asselineau ou Poulet- Malassis… Baudelaire leur recommande également la lecture de L'Ensorcelée, « un livre admirable », mais il relève aussi parfois les travers de l'esprit aurevillien ; ainsi à Sainte-Beuve ou à Poulet-Malassis, dénonce-t-il telle « pointe trop facile » ou l'emploi d'un « inévitable calembour »… En 1857, Barbey prend fait et cause pour le recueil des Fleurs du mal que vient de publier Baudelaire et dont il est l'un des seuls à avoir immédiatement perçu une « architecture secrète », y voyant moins un recueil de poésies éparses « qu'une oeuvre poétique de la plus forte unité ». Il l'assure vigoureusement de son soutien au moment du procès. Malheureusement, l'article que Barbey avait rédigé pour le Pays sera refusé, mais Baudelaire le reprendra dans les Articles
[BARBEY D'AUREVILLY (J)]. [Poésies]. Caen : Hardel, 1854, in-16 carré, demi-basane maroquinée rouge, plats de tissu à décor végétal rouge, vert et écru, dos lisse avec titre en long, non rogné (reliure ancienne). Édition originale très rare de la première plaquette de poèmes de l'auteur. Elle fut éditée sans nom d'auteur ni titre par son ami G.-S. Trébutien (1800-1870). Si la première oeuvre connue, composée et publiée par Barbey est un poème, l'Élégie aux héros des Thermopyles (1825), que le tout jeune homme dédia à Casimir Delavigne, il a toujours affirmer qu'il n'était « pas un poète officiel ». Il écrit à Trébutien, en 1851 : « Jamais vers de moi ne seront imprimés, mais il m'est agréable de conserver ces bouts-rimés, qui sont des dates de sentiments dans ma vie. On les montre à vingt-cinq personnes qu'on aime et voilà tout ! […] On les ferait tirer à vingt-cinq exemplaires […, mais] il faudrait vingt-cinq exemplaires joliment bien ! » Alors, quelque temps plus tard, lorsque le même Trébutien lui propose d'éditer ses « vers de prosateur », Barbey accepte, mais à la condition impérative que cela ressemble le moins que possible à un livre : la plaquette sera anonyme et sans titre ! Seules les armes de l'auteur reproduites en lieu et place du titre, et la préface, par laquelle Barbey « restitue » ses vers à Trébutien - sans qui ils n'existeraient pas - identifient l'auteur. La plaquette comporte 12 pièces de vers. Ce ne sera que très tardivement, dans ses Disjecta Membra, que Barbey songera à rassembler et à publier « officiellement » ces oeuvres anciennes, augmentées de quelques créations plus récentes, dans un recueil qu'il souhaite intituler Poussières et qui ne verra le jour que fort longtemps après sa mort, chez Lemerre, en 1897. L'un des 36 exemplaires imprimés sur papier de Hollande. Sont joints : - une L.A.S. à Charles Baudelaire à l'encre bleue, datée lundi matin 21. 1 p. in-12 (traces de pliures). Barbey d'Aurevilly et Baudelaire eurent très tôt une vive admiration réciproque pour leurs oeuvres. Baudelaire cite Le Dandysme, dès son Salon de 1846. Barbey, quant à lui, aida Baudelaire à publier ses traductions de Poe au Pays et les y défendit dans ses articles. Rapidement leur relation devint une amitié chaleureuse et peu commune. Ils se voyaient souvent, parfois même quotidiennement, surtout autour des années 1857-1859. Si l'on ne connaît que deux lettres adressées par Baudelaire à Barbey, plus d'une douzaine nous sont connues de Barbey à Baudelaire. Il y est fait régulièrement allusion à leurs travaux respectifs, Barbey lui écrit longuement son admiration après l'envoi des poèmes L'Albatros et Le Voyage. Leur amitié y prend rapidement un ton très libre et souvent fort original, en particulier dans les qualificatifs dont ils s'affublent mutuellement. Ainsi, pour Barbey, Baudelaire est sa « chère crapule de génie », son « Nabuchodonosaur (sic) du Diable » ou encore son « vicieux poète » tandis que Barbey est pour Baudelaire cet « homme vicieux qui sait se faire aimer », « ce monstre parfait » ou encore son « vieux mauvais sujet » et c'est d'ailleurs ainsi qu'il le nomme dans nombre de ses lettres à d'autres correspondants, tels Mme Aupick, Asselineau ou Poulet- Malassis… Baudelaire leur recommande également la lecture de L'Ensorcelée, « un livre admirable », mais il relève aussi parfois les travers de l'esprit aurevillien ; ainsi à Sainte-Beuve ou à Poulet-Malassis, dénonce-t-il telle « pointe trop facile » ou l'emploi d'un « inévitable calembour »… En 1857, Barbey prend fait et cause pour le recueil des Fleurs du mal que vient de publier Baudelaire et dont il est l'un des seuls à avoir immédiatement perçu une « architecture secrète », y voyant moins un recueil de poésies éparses « qu'une oeuvre poétique de la plus forte unité ». Il l'assure vigoureusement de son soutien au moment du procès. Malheureusement, l'article que Barbey avait rédigé pour le Pays sera refusé, mais Baudelaire le reprendra dans les Articles
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