BAUDELAIRE (Charles). Lettre autographe signée de ses initiales à Eugène Crépet. [Paris, mai 1860, probablement le 11]. 4 pp. in-8 carré, trace d'onglet et deux fentes anciennement restaurées portant atteinte à un mot sans manque. Importante lettre sur ses intentions concernant son essai sur Vic tor Hugo, futur chapitre de son recueil sur L'Art romanti que. C'est dans le cadre de sa collaboration à l'anthologie des Poètes français, publiée par Eugène Crépet en 1861-1862, que Charles Baudelaire rédigea des notices introductives aux extraits de dix auteurs contemporains, dont Victor Hugo Théophile Gautier Auguste Barbier ou Pétrus Borel. L'ensemble serait intégré dans la section Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains du recueil L'Art romantique, des OEuvres complètes préparées par Charles Baudelaire mais publiées de manière posthume en 1869. Baudelaire, thuriféraire ironiq ue de Vic tor Hugo. L'auteur des Fleurs du mal écrivit à l'exilé pour lui demander s'il acceptait de figurer dans cette anthologie commentée. Même s'il émit des réserves concernant les droits de ses éditeurs pour la reproduction d'extraits de ses oeuvres, Victor Hugo se montra enthousiasmé à l'idée d'être évoqué par Baudelaire : « ce qui me charme en ceci, c'est que mon nom serait prononcé par vous et incrusté dans une de ces pages profondes et belles que vous savez écrire ». Dans sa notice, Baudelaire décrit Hugo dans toute sa démesure, fait l'éloge de son « génie sans frontière », de manière argumentée et avec un accent de vérité qui n'évite cependant pas les ironies critiques. Il entretint de fait des relations malaisées avec Victor Hugo s'agaçant de la grandiloquence de l'homme, admirant La Légende des siècles mais méprisant Les Misérables, alternant éloges publics et sarcasmes privés... Eugène Crépet fut une des « vieilles canailles » du carnet de Baudelaire, mais aussi son premi er bi ographe sérieux. « Tout est fort bien, sauf la différence de 100 fr. Je trouve très raisonnable que vous désiriez d'abord le manuscrit , mais une distance d'une semaine, c'est beaucoup , il y a peut-être manière d'arranger cela : – pas d'argent avant lundi , mais lundi, 200 fr. sur la notice complète d'Hugo , il y a là évidemment un peu de complaisance de votre part , mais d'un autre côté, je ne puis pas avant lundi faire choix d'un autre type , je veux donner to ut mon temps à Hugo , je crois que je suis cel ui qui fera cela de la fa çon la pl us riche, et enfin la différence en plus (je parle des 200 fr.) sera minime. Ceci m'amène à la question de longueur. Je n'ai pas l'intention de produire 16 pages. – J'ai oublié vos prix de rédactio n. – Je ne m'occ upe même pas d'une co nsidératio n aussi vile. – Je tâcherai de dire en 10 pages au maximum ce que je pense de raisonnable sur Hugo. Avouez que quand vous me reprochez la brièveté de mes premières notices, vous tombez dans une contradiction singulière. Vous avez donc oublié que je ne demandais pas mieux que de trouver plus d'espace, et que c'est vous qui m'avez imposé des conditions si sensibles. Sur Gautie r, sur Barbier, sur Pét rus Borel , j'aurais pu, avec plaisi r, écrire dix pages . Si vo us donnez dix pages à Boileau, que donnerez-vo us donc à Ro nsard, et à Hugo ? Je résume : je vais écrire à Hugo pour le préve nir que moi, petit et infirme, je prends vis-à-vis de lui to us les droits de la liberté . Je considère comme facile (absolument fait, je n'en puis répondre) le petit service que vous me demandez relativement aux citations. – J'es quiverai la questio n politi que , d'ailleurs je ne crois pas possible de parler des satires politiques, même pour les blâmer , or, si j'en pa rlais , bie n que je co nsidère l'engueulement politi que comme un signe de sottise , je serais pl utôt avec Hugo qu'avec le Bonapa rte du co up d'État . – Donc, impossible. – Mais je to ucherai un pe u à la questio n sociale, à l'utopie , à la pei ne de mort, aux religio ns modernes , &c. Je viens de recevoi r une lett re d'Hug
BAUDELAIRE (Charles). Lettre autographe signée de ses initiales à Eugène Crépet. [Paris, mai 1860, probablement le 11]. 4 pp. in-8 carré, trace d'onglet et deux fentes anciennement restaurées portant atteinte à un mot sans manque. Importante lettre sur ses intentions concernant son essai sur Vic tor Hugo, futur chapitre de son recueil sur L'Art romanti que. C'est dans le cadre de sa collaboration à l'anthologie des Poètes français, publiée par Eugène Crépet en 1861-1862, que Charles Baudelaire rédigea des notices introductives aux extraits de dix auteurs contemporains, dont Victor Hugo Théophile Gautier Auguste Barbier ou Pétrus Borel. L'ensemble serait intégré dans la section Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains du recueil L'Art romantique, des OEuvres complètes préparées par Charles Baudelaire mais publiées de manière posthume en 1869. Baudelaire, thuriféraire ironiq ue de Vic tor Hugo. L'auteur des Fleurs du mal écrivit à l'exilé pour lui demander s'il acceptait de figurer dans cette anthologie commentée. Même s'il émit des réserves concernant les droits de ses éditeurs pour la reproduction d'extraits de ses oeuvres, Victor Hugo se montra enthousiasmé à l'idée d'être évoqué par Baudelaire : « ce qui me charme en ceci, c'est que mon nom serait prononcé par vous et incrusté dans une de ces pages profondes et belles que vous savez écrire ». Dans sa notice, Baudelaire décrit Hugo dans toute sa démesure, fait l'éloge de son « génie sans frontière », de manière argumentée et avec un accent de vérité qui n'évite cependant pas les ironies critiques. Il entretint de fait des relations malaisées avec Victor Hugo s'agaçant de la grandiloquence de l'homme, admirant La Légende des siècles mais méprisant Les Misérables, alternant éloges publics et sarcasmes privés... Eugène Crépet fut une des « vieilles canailles » du carnet de Baudelaire, mais aussi son premi er bi ographe sérieux. « Tout est fort bien, sauf la différence de 100 fr. Je trouve très raisonnable que vous désiriez d'abord le manuscrit , mais une distance d'une semaine, c'est beaucoup , il y a peut-être manière d'arranger cela : – pas d'argent avant lundi , mais lundi, 200 fr. sur la notice complète d'Hugo , il y a là évidemment un peu de complaisance de votre part , mais d'un autre côté, je ne puis pas avant lundi faire choix d'un autre type , je veux donner to ut mon temps à Hugo , je crois que je suis cel ui qui fera cela de la fa çon la pl us riche, et enfin la différence en plus (je parle des 200 fr.) sera minime. Ceci m'amène à la question de longueur. Je n'ai pas l'intention de produire 16 pages. – J'ai oublié vos prix de rédactio n. – Je ne m'occ upe même pas d'une co nsidératio n aussi vile. – Je tâcherai de dire en 10 pages au maximum ce que je pense de raisonnable sur Hugo. Avouez que quand vous me reprochez la brièveté de mes premières notices, vous tombez dans une contradiction singulière. Vous avez donc oublié que je ne demandais pas mieux que de trouver plus d'espace, et que c'est vous qui m'avez imposé des conditions si sensibles. Sur Gautie r, sur Barbier, sur Pét rus Borel , j'aurais pu, avec plaisi r, écrire dix pages . Si vo us donnez dix pages à Boileau, que donnerez-vo us donc à Ro nsard, et à Hugo ? Je résume : je vais écrire à Hugo pour le préve nir que moi, petit et infirme, je prends vis-à-vis de lui to us les droits de la liberté . Je considère comme facile (absolument fait, je n'en puis répondre) le petit service que vous me demandez relativement aux citations. – J'es quiverai la questio n politi que , d'ailleurs je ne crois pas possible de parler des satires politiques, même pour les blâmer , or, si j'en pa rlais , bie n que je co nsidère l'engueulement politi que comme un signe de sottise , je serais pl utôt avec Hugo qu'avec le Bonapa rte du co up d'État . – Donc, impossible. – Mais je to ucherai un pe u à la questio n sociale, à l'utopie , à la pei ne de mort, aux religio ns modernes , &c. Je viens de recevoi r une lett re d'Hug
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