Beschreibung:

Lettre signée deux fois à M. de Fourquevaux. La plus grande partie en est écrite de la main de Neufvill e de Vill eroy, secrétaire d'État, qui l'a contresignée. Château de Boulogne, 22 février 1571 ; six pages in-fol. avec adresse. Pièce d'un grand intérêt historique et d'une importance exceptionnell e. Charles IX donne d'abord des nouvelles de sa femme - Élisabeth d'Autriche, fille de Maximilien, qu'il avait épousée en 1570, contrairement au voeu de l'Espagne -. " Elle est tousiours allée en amendant, de facon qu'elle est maintenant hors de tout mal... pour ce qu'elle est foible et qu'il fauldra du temps pour la fortifier elle ne fera son entrée en ma bonne ville de Paris si tost que moy qui suis deliberé faire la mienne apres ce caresme prenant ". Il prie l'ambassadeur de dire son contentement de la convalescence de la reine aux princes de Bohême, ses beaux-frères (la Bohême appartenait alors à la maison d'Autriche). Si ceux-ci désirent passer par la France, " ilz y seront les tres bien venuz et receuz comme le requiert l'amityé qui est entre nous ". Le roi ajoute : " Mes affaires vont de jour a autre s'establissant a mon contantement pour le bien et repos de mes subjectz et augmentation de mon auctorité ". Il affirme son désir de conserver l'amitié et la bonne intelligence qu'il a avec le roi catholique, et signe une première fois. Don Francès de Alava, ambassadeur d'Espagne en France, étant alors venu se plaindre des " deppradations et pirateries " faites sur des sujets du roi son maître par des Français, Charles IX, par la plume de Villeroy, ajoute cinq grandes pages pour relater les détails de ces affaires. L'ambassadeur lui aurait dit " que tous les jours telles deppredations se continuoient au grand dommage et interest des subjectz dud. Roy catholique et au prejudice de l'amityé qui est entre son maistre et moy et du traicté de paix, que des preuves de icelles pirateries estoyent tres mal aisees a fere ; pour ce que l'on getoit a fond toutes les personnes sue l'on retrouvoit dedans lesd. vaisseaulx... adjoustant qu'il ne scavoit plus que respondre au conseil du Roy son maistre... pour les plainctes et dolleances qui estoient faictes tous les jours, sur lesquelles il ne cognoissoit estre faicte aucune justice ". Fait plus grave encore, Don Francès disait " qu'il estoit adverty que l'on armoyt nombre de vaisseaulx a La Rochelle et au Brouage par le commandement de mon admiral et au sceu et a la veue de ung mareschal de France present, le sr de Biron ; que ce n'estoit pour marchandise, car l'on les armoyt pour estre emploiez a quelque grand effect de guerre ; que l'on les chargeoit de toutes sortes de gens de guerre, tant catholicques que huguenotz ; que chacun y acouroyt, se disant publicquement que c'estoyt pour fere entreprise sur les Pays Bas ou aux Indes ; que es autres ports et havres de mon Royaulme il s'armoyt aussi, mais a la legere, plusieurs autres vaisseaulx, tous pour mesme faict... ". Après la paix de St Germain conclue en 1570 et qui avait mis fin à plusieurs années de guerre contre les Protestants, l'influence de Catherine de Médicis sur Charles IX diminue et Coligny devient tout-puissant sur l'esprit du roi. L'amiral l'amena à favoriser secrètement les activités militaires des Huguenots et il paraît donc difficile d'imaginer que le roi de France ait ignoré ces préparatifs dont parle l'ambassadeur d'Espagne. Charles IX cependant se défend et proteste habilement de la pureté de ses intentions. " ...Je desiroys de tout mon coeur la conservation de l'amityé que j'ay avecques son maistre et l'observation de notre traité... Je desiroys pourveoir tellement ausd. pirateries qu'il n'en advienne doresnavant aucune plainte et dommage sur ses subjectz... Pour leregard de ce qu'il avoyt dict qui s'armoyt a La Rochelle, Brouage et aultres havres de mon Royaulme, c'estoyt chose dont je n'avoys esté adverty et que ni ne vouloys croire ; d'autant qu'il n'est permis a aucun de mes ministres, officiers ou subjectz armer d