Donatien-Alphonse-François- marquis de SADE (1740-1814). Manuscrit autographe signé, Réponse du citoyen Sade à celle insérée par le citoyen L... dans la feuille du 17 janvier, 18 janvier [1793] ; 4 pages petit in-4, avec ratures, corrections et additions.Important texte polémique sur la religion et la morale, mettant en cause l’existence de Dieu. Il semble inédit. « Il me parait que le citoyen L… s’écarte de la question au lieu d’y répondre, et qu’il ajoute des difficultés à celle que je proposais de résoudre. Je demande purement et simplement pourquoi les hommes sont plus attachés à la religion qu’à la morale, lorsqu’il me semble que tout devrait les porter à préférer celle-ci à l’autre ? pourquoi ils frémiraient du moindre changement dans le culte, tandis qu’une subversion totale dans les mœurs les effraiyerait à peine ? »… Sade a eu raison d’affirmer précédemment que les hommes tiennent bien plus à leur religion qu’à leur morale, ce qui lui paraît « la meilleure preuve de la bisarerie de leur esprit, puisque la religion ne flatte que les idées qu’ils se sont forgées, et la morale leur assure la seule dose de bonheur qu’ils peuvent espérer dans un monde au-delà duquel il n’y a plus rien de certain. Le citoyen L. objecte un dieu, la réponse n’est pas péremptoire, car l’admission de cet être n’étant malheureusement pas générale, il est impossible que ce qui n’est adopté que de quelques hommes puisse servir de preuve à tous. Il existe certainement des athées », et il n’est pas certain que l’on réussisse à leur démontrer l’existence de Dieu. Ainsi les hommes religieux ont bâti leurs principes sur du sable, car « comment voulés-vous qu’il y ait quelque chose de solide dans les principes d’un homme, n’établissant l’idole de la vertu que sur les autels d’un être qui n’est qu’en problême ». L’homme a « trop lié la morale à la religion, […] voilà le danger dont je me plains, il ne faut pas que l’homme s’accoutume à ne plus redouter d’enfraindre ce qui est sacré – la morale, comme il enfraint ce qui n’est que problématique, – la religion. Voilà l’écueil que je veux qu’on évite dans la nouvelle éducation qui se prépare ; vous n’aurés des vertus qu’alors, n’en espérés jamais jusques là ». Sade démolit également l’argument que la morale repose sur l’existence de Dieu : « Non, citoyen, non la morale qui est l’art de se conduire avec tous les hommes ne peut reposer sur un être qui n’est admis que de quelques hommes, la morale qui est dans la nature doit être plus respectée qu’un être qui n’existe que dans l’imagination, croyes que les bases de la morale furent posées avant celles du culte, et qu’on sentit qu’il fallait aimer ses semblables bien avant que de leur suposer un créateur ». Quant à l’harmonie qui serait « le but du moteur de l’univers », Sade ironise en citant « l’harmonie du déluge, des tremblemens de terre, des pestes, des guerres, des famines… Oui Citoyen vous me démontrerés l’harmonie, l’accord parfait de tous ces procédés », alors que « la morale est l’ordre parfait de la conduite de l’homme ». Sade demande encore « quels sont les objets sensibles dont vous voulés nourrir vos idées intellectuelles ? Ce n’est pas Dieu, puisqu’il se cache à nos regards ; ce sont donc des temples, des cérémonies, des statues », ce qui relève selon lui d’un « pature idolatre et matérielle ». Enfin Sade détruit le dernier argument de la religion présidant à l’enfance et à la vieillesse : « Les choix de l’homme dans ces deux extrémités de sa vie peuvent-ils donc être ceux de sa raison ? Sont-ce les hochets de son berceau ou les béquilles de sa caducité qui doivent nous servir de fanaux dans la carrierre de la vie ? […] ce ne sera jamais avec de telles futilités que vous mettrés la morale en parallelle ; mais je me tais, deux raisons m’obligent au silence, la supériorité de ma cause… le sentiment profond de ma faiblesse quand il faut la défendre avec vous ».
Donatien-Alphonse-François- marquis de SADE (1740-1814). Manuscrit autographe signé, Réponse du citoyen Sade à celle insérée par le citoyen L... dans la feuille du 17 janvier, 18 janvier [1793] ; 4 pages petit in-4, avec ratures, corrections et additions.Important texte polémique sur la religion et la morale, mettant en cause l’existence de Dieu. Il semble inédit. « Il me parait que le citoyen L… s’écarte de la question au lieu d’y répondre, et qu’il ajoute des difficultés à celle que je proposais de résoudre. Je demande purement et simplement pourquoi les hommes sont plus attachés à la religion qu’à la morale, lorsqu’il me semble que tout devrait les porter à préférer celle-ci à l’autre ? pourquoi ils frémiraient du moindre changement dans le culte, tandis qu’une subversion totale dans les mœurs les effraiyerait à peine ? »… Sade a eu raison d’affirmer précédemment que les hommes tiennent bien plus à leur religion qu’à leur morale, ce qui lui paraît « la meilleure preuve de la bisarerie de leur esprit, puisque la religion ne flatte que les idées qu’ils se sont forgées, et la morale leur assure la seule dose de bonheur qu’ils peuvent espérer dans un monde au-delà duquel il n’y a plus rien de certain. Le citoyen L. objecte un dieu, la réponse n’est pas péremptoire, car l’admission de cet être n’étant malheureusement pas générale, il est impossible que ce qui n’est adopté que de quelques hommes puisse servir de preuve à tous. Il existe certainement des athées », et il n’est pas certain que l’on réussisse à leur démontrer l’existence de Dieu. Ainsi les hommes religieux ont bâti leurs principes sur du sable, car « comment voulés-vous qu’il y ait quelque chose de solide dans les principes d’un homme, n’établissant l’idole de la vertu que sur les autels d’un être qui n’est qu’en problême ». L’homme a « trop lié la morale à la religion, […] voilà le danger dont je me plains, il ne faut pas que l’homme s’accoutume à ne plus redouter d’enfraindre ce qui est sacré – la morale, comme il enfraint ce qui n’est que problématique, – la religion. Voilà l’écueil que je veux qu’on évite dans la nouvelle éducation qui se prépare ; vous n’aurés des vertus qu’alors, n’en espérés jamais jusques là ». Sade démolit également l’argument que la morale repose sur l’existence de Dieu : « Non, citoyen, non la morale qui est l’art de se conduire avec tous les hommes ne peut reposer sur un être qui n’est admis que de quelques hommes, la morale qui est dans la nature doit être plus respectée qu’un être qui n’existe que dans l’imagination, croyes que les bases de la morale furent posées avant celles du culte, et qu’on sentit qu’il fallait aimer ses semblables bien avant que de leur suposer un créateur ». Quant à l’harmonie qui serait « le but du moteur de l’univers », Sade ironise en citant « l’harmonie du déluge, des tremblemens de terre, des pestes, des guerres, des famines… Oui Citoyen vous me démontrerés l’harmonie, l’accord parfait de tous ces procédés », alors que « la morale est l’ordre parfait de la conduite de l’homme ». Sade demande encore « quels sont les objets sensibles dont vous voulés nourrir vos idées intellectuelles ? Ce n’est pas Dieu, puisqu’il se cache à nos regards ; ce sont donc des temples, des cérémonies, des statues », ce qui relève selon lui d’un « pature idolatre et matérielle ». Enfin Sade détruit le dernier argument de la religion présidant à l’enfance et à la vieillesse : « Les choix de l’homme dans ces deux extrémités de sa vie peuvent-ils donc être ceux de sa raison ? Sont-ce les hochets de son berceau ou les béquilles de sa caducité qui doivent nous servir de fanaux dans la carrierre de la vie ? […] ce ne sera jamais avec de telles futilités que vous mettrés la morale en parallelle ; mais je me tais, deux raisons m’obligent au silence, la supériorité de ma cause… le sentiment profond de ma faiblesse quand il faut la défendre avec vous ».
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