Beschreibung:

ELUARD (P.)._Poésie ininterrompue. Manuscrit autographe de 38 ff. [1945]. In-4°, maroquin bleu azur, plat orné d'un décor non figuratif de lignes courbes et obliques associées à des plans ovales ou ronds, l'ensemble soit frappé à froid ou au palladium, soit mosaïqué de box ou maroquin selon une large palette de couleurs, décor inversé au second plat, dos lisse, non rogné, chemise et étui bordés de maroquin (Domela inv., Semet & Plumelle). Manuscrit autographe sur papier vergé filigrané, écrit à l'encre bleue, présentant des ratures et des corrections. Aux 37 feuillets couverts par le texte, s'ajoute une page de garde signée par Eluard avec la mention : " Je dédie ces pages à ceux qui les liront mal et à ceux qui ne les aimeront pas. ". L'ordre des poèmes diffère de celui de l'édition originale de 1946, qui ne contient pas " Moralité du Sommeil ". Publiée en janvier 1946, Poésie ininterrompue marque l'abandon par Eluard du lyrisme généreux de la Résistance. "_Paul Eluard renoue par le langage maîtrisé avec la poésie de sa jeunesse " lit-on sous la plume d'Aragon dans la revue Europe. " Poésie ininterrompue est un livre majeur... il y souffle le vent des très hautes cîmes (...) le livre le plus beau qu'ait donné Eluard ; et aussi le moins " éluardien " " renchérit Jean_Maquet, la même année, dans le n° 1 de Critique. De fait, " Poésie ininterrompue " qui ouvre le recueil (et lui donne son titre), se présente comme un long poème couché sur 20 ff. formant un tout, unique par son ampleur dans l'œuvre d'Eluard. Ce poème magistral " rend compte du réel " en réaffirmant la fonction sociale de la poésie. Eluard assimile de nouveau l'acte poétique à l'union amoureuse, et au-delà, à la fraternité._Il entremêle savamment diverses thématiques (érotique, sociale et poétique)._Autant d'entrelacs qui se prolongent, formellement, jusque dans le dessin de César Domela .. Le poème relève d'un dynamisme ascensionnel qui, par paliers, par degrés, le mène jusqu'à la conquête de la liberté et du bonheur. "_Nous partirons d'en bas nous partirons d'en haut ", déclare le poète au seuil de ce parcours. Cette envolée est scandée par le leitmotiv " Si nous montions d'un degré ". Et ce n'est pas un hasard si, derrière la composition de Domela (aussi abstraite soit-elle), se dessine le profil d'un oiseau. Les autres poèmes du recueil enrichissent cette perspective en magnifiant le " travail du poète ", qui renonce à la joaillerie vaine des " mots sans poids ", des " mots sans suite " et fusionne avec ses frères, et le " travail du peintre " (Picasso, l'artiste qu'il admire et qu'il aime le plus au monde), placé pareillement sous le signe de la connaissance et du bonheur. Captivante reliure dessinée d'après un relief de l'artiste César Domela (1910-1992), pseudonyme de Domela-Nieuwenhuis. Né d'un père hollandais, fondateur du socialisme néerlandais, Domela, artisan autant qu'artiste, travaille à ses débuts à Berlin comme architecte et typographe, et réalise des photo-montages appliqués à la publicité. Après un bref séjour à Paris en 1924 où il rencontre Braque, Brancusi, Fernand Léger Satie, Christian Zervos, Piet Mondrian .. il s'y installe définitivement en 1933... En pleine Occupation, il expose à la Galerie Jeanne Bucher avec Kandinsky et Nicolas de Staël A ses débuts, Domela est un artiste néo-plasticien, puis constructiviste, passant alors progressivement de la peinture aux reliefs, utilisant des matériaux variés et souvent précieux qu'il assemble avec un soin d'artisan. Son influence s'exerce à l'étranger, et en France, notamment sur des peintres comme Nicolas de Staël et Jean Deyrolle. Pour Serge Lemoine, César Domela est un des artistes qui a " façonné l'histoire de l'art du XXe siècle ". (Serge Lemoine, César Domela La Courbe et la Droite, p. 32). L'idée que ce décor de reliure ait été commandé au peintre par Eluard est vraisemblable, bien que nous n'ayons pas pu établir de liens directs entre les deux personnages. Semet et Plumelle exerçèrent e