FLANDRES, Atelier vraisemblablement d'Audenarde, vers 1560/70 Rare et exceptionnelle tapisserie à feuilles de choux et fleurs d'aristoloches. Au devant d'une balustrade repose une aiguière sur piédouche dont jaillissent à profusion des feuilles de choux, fleurs d'aristoloches, courgettes, raisins et artichauts. Un volatile, une chèvre et un lièvre s'en régalent. La scène est encadrée par deux colonnes en marbre sur lesquelles repose un entablement à décor de mascarons. Très belle bordure d'origine à entrelacs. Galon d'encadrement d'origine de couleur bleue repliée sur l'envers. (Anciennes restaurations visibles, légèrement réduite en hauteur). Dans les Flandres, il y avait au milieu du XVIe siècle trois ateliers qui s'étaient faits une spécialité dans le tissage des tapisseries à feuilles de choux. Il s'agissait des villes d'Audenarde, d'Enghien et de Grammont. Plus tard à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, les ateliers de la Marche, dont faisait partie Aubusson, vont produire également des décors similaires mais un peu plus stylisés en y ajoutant des personnages dans des scènes de chasse par exemple. « Certains phénomènes artistiques sont difficilement explicables. Il en est ainsi pour les tapisseries dites à « feuilles de choux », la plupart tissées dans les Flandres. Si l'on compare ces oeuvres avec les réalisations de même époque, on reste perplexe quant aux raisons qui ont motivé pareilles créations. (...) Les pièces de cette époque qu'il est possible de classer sous cette appellation généralisée, sont les tapisseries à fleurs d'aristoloche communément appelées « verdures à grandes feuilles », tissées dans la seconde moitié et jusqu'à la fin du XVIe siècle. Elles nous apportent une atmosphère de dépaysement d'un modernisme qui éblouit. (...) Notre curiosité n'en est que plus aigüe. Il se dégage de cette faune stylisée dans la luxuriante profusion végétale parfaitement asservie aux desseins de l'art, et d'un art « formaliste », une ambiance de démence paisible, relevant d'une élucubration mystérieuse où délire et sagesse s'entremêlent pour accomplir quelque projet d'une actualité saisissante et qui nous concerne directement, par la force contradictoire des élans qui s'y conjuguent. Dans l'oeuvre de la tapisserie, ces pièces peuvent être comparées à celles dites « à mille fleurs », qui, antérieures, sont d'une sagesse et d'une émotion plus humaines. Les feuilles de choux montrent une fantaisie riche et savante qui subjugue. Spontanées et libres, elles défient raison et formalisme alors qu'elles semblent tenir à l'un et à l'autre par des pétitions de principe. Il s'en dégage une impression magique de retournement incessant, de violence contre la maîtrise, de calme noble apaisant l'insubordination de l'imagination. C'est pourquoi elles sont attachantes. Elles prouvent que, dans tout art, tout peut toujours être remis en question et cela pour l'élévation même de l'art. Il était essentiel de les présenter, car trop souvent la place qui leur est consentie ne correspond pas à l'intérêt qu'elles méritent ». In Les Belles Heures de la tapisserie, Dario Boccara, Éditions Les clefs du Temps, p.91.
FLANDRES, Atelier vraisemblablement d'Audenarde, vers 1560/70 Rare et exceptionnelle tapisserie à feuilles de choux et fleurs d'aristoloches. Au devant d'une balustrade repose une aiguière sur piédouche dont jaillissent à profusion des feuilles de choux, fleurs d'aristoloches, courgettes, raisins et artichauts. Un volatile, une chèvre et un lièvre s'en régalent. La scène est encadrée par deux colonnes en marbre sur lesquelles repose un entablement à décor de mascarons. Très belle bordure d'origine à entrelacs. Galon d'encadrement d'origine de couleur bleue repliée sur l'envers. (Anciennes restaurations visibles, légèrement réduite en hauteur). Dans les Flandres, il y avait au milieu du XVIe siècle trois ateliers qui s'étaient faits une spécialité dans le tissage des tapisseries à feuilles de choux. Il s'agissait des villes d'Audenarde, d'Enghien et de Grammont. Plus tard à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, les ateliers de la Marche, dont faisait partie Aubusson, vont produire également des décors similaires mais un peu plus stylisés en y ajoutant des personnages dans des scènes de chasse par exemple. « Certains phénomènes artistiques sont difficilement explicables. Il en est ainsi pour les tapisseries dites à « feuilles de choux », la plupart tissées dans les Flandres. Si l'on compare ces oeuvres avec les réalisations de même époque, on reste perplexe quant aux raisons qui ont motivé pareilles créations. (...) Les pièces de cette époque qu'il est possible de classer sous cette appellation généralisée, sont les tapisseries à fleurs d'aristoloche communément appelées « verdures à grandes feuilles », tissées dans la seconde moitié et jusqu'à la fin du XVIe siècle. Elles nous apportent une atmosphère de dépaysement d'un modernisme qui éblouit. (...) Notre curiosité n'en est que plus aigüe. Il se dégage de cette faune stylisée dans la luxuriante profusion végétale parfaitement asservie aux desseins de l'art, et d'un art « formaliste », une ambiance de démence paisible, relevant d'une élucubration mystérieuse où délire et sagesse s'entremêlent pour accomplir quelque projet d'une actualité saisissante et qui nous concerne directement, par la force contradictoire des élans qui s'y conjuguent. Dans l'oeuvre de la tapisserie, ces pièces peuvent être comparées à celles dites « à mille fleurs », qui, antérieures, sont d'une sagesse et d'une émotion plus humaines. Les feuilles de choux montrent une fantaisie riche et savante qui subjugue. Spontanées et libres, elles défient raison et formalisme alors qu'elles semblent tenir à l'un et à l'autre par des pétitions de principe. Il s'en dégage une impression magique de retournement incessant, de violence contre la maîtrise, de calme noble apaisant l'insubordination de l'imagination. C'est pourquoi elles sont attachantes. Elles prouvent que, dans tout art, tout peut toujours être remis en question et cela pour l'élévation même de l'art. Il était essentiel de les présenter, car trop souvent la place qui leur est consentie ne correspond pas à l'intérêt qu'elles méritent ». In Les Belles Heures de la tapisserie, Dario Boccara, Éditions Les clefs du Temps, p.91.
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