FLAUBERT, Gustave. Lettre autographe signée à Ernest Feydeau . Mardi soir [22 novembre 1859]. Fantastique lettre de Flaubert, particulièrement acide à l'encontre de Louise Colet et Alfred de Musset : Il commence par déclarer tout le bien qu'il pense d'Alfred de Musset, puis il se livre à une critique féroce du livre Lui de Louise Colet, dont il donne ses traits au personnage de Léonce, et s'emporte contre son ancienne maitresse : " Bien que je n’admire pas immensément le sieur Musset, il n’en restera pas moins comme un charmant jeune homme. Il a eu de beaux jets. Quant à faire une Œuvre, ce gentilhomme avait la poitrine trop étroite. (tu as vu dans Lui qu'il était essoufflé pour monter chez la Muse). Mais (...) il a été très original (à son heure) et (...) écrit de petites choses ravissantes. Quant à avoir la mine d’un Maitre, comme tu le dis fort bien, jamais ! Il me déplait pour avoir mis en axiomes et pratiqué "la Poésie du Coeur" (double farce à l'usage des impuissants et des charlatans). En voilà un qui a été peu critiqué. Il me parait avoir eu sur l’humanité le coup d’œil d’un coiffeur sentimental ! toujours son pauvre cœur, toujours les larmes ! Je vois du reste que la mère Colet l'a reproduit assez fidèlement (…) As-tu remarqué ses affectations de noblesse, ses éternels bals aux ambassades. Comme c’est beau cet homme qui porte sa douleur dans le monde ! Telle qu’un bijou rare pour l’ébahissement de ces MM et ces Dames ! Quant à moi, ne crois pas que ce livre m’ait irrité. (Il y a longtemps que je sais à quoi m’en tenir sur l’auteur !) Je t’avouerais même que je suis assez corrompu, assez orgueilleux ou assez vertueux pour m’en être démesurément amusé. Et puis en définitive j’y fais bonne figure. Ai-je l’air suffisamment rébarbatif ? Invulnérable piété, à la fois tout spirituel et invisible comme un ange - et baiseur comme un héros de de Sade (...). C'est (...) parce que j'étais trop maitre de mon foutre que nous nous sommes fâchés! Je trouvais qu'elle empiétait sur mon sexe. Les couilles peuvent se louer ou se prêter, mais s'aliéner, jamais! Cette publication m'a convaincu, une fois de plus, de l'immoralité profonde des femmes. (...) il y a des monstres aussi parmi les hommes! Or pas un homme ne ferait cela sur une ancienne maitresse" . Flaubert, Correspondance , III, pp. 56-57 4 pp. in-8 (211 x 135 mm), à l'encre noire sur papier teinté bleu. Nombreuses ratures et corrections. (traces de pliure, petite déchirure au pli central, décoloration du papier due à l'acidité de l'encre plus que des mots).
FLAUBERT, Gustave. Lettre autographe signée à Ernest Feydeau . Mardi soir [22 novembre 1859]. Fantastique lettre de Flaubert, particulièrement acide à l'encontre de Louise Colet et Alfred de Musset : Il commence par déclarer tout le bien qu'il pense d'Alfred de Musset, puis il se livre à une critique féroce du livre Lui de Louise Colet, dont il donne ses traits au personnage de Léonce, et s'emporte contre son ancienne maitresse : " Bien que je n’admire pas immensément le sieur Musset, il n’en restera pas moins comme un charmant jeune homme. Il a eu de beaux jets. Quant à faire une Œuvre, ce gentilhomme avait la poitrine trop étroite. (tu as vu dans Lui qu'il était essoufflé pour monter chez la Muse). Mais (...) il a été très original (à son heure) et (...) écrit de petites choses ravissantes. Quant à avoir la mine d’un Maitre, comme tu le dis fort bien, jamais ! Il me déplait pour avoir mis en axiomes et pratiqué "la Poésie du Coeur" (double farce à l'usage des impuissants et des charlatans). En voilà un qui a été peu critiqué. Il me parait avoir eu sur l’humanité le coup d’œil d’un coiffeur sentimental ! toujours son pauvre cœur, toujours les larmes ! Je vois du reste que la mère Colet l'a reproduit assez fidèlement (…) As-tu remarqué ses affectations de noblesse, ses éternels bals aux ambassades. Comme c’est beau cet homme qui porte sa douleur dans le monde ! Telle qu’un bijou rare pour l’ébahissement de ces MM et ces Dames ! Quant à moi, ne crois pas que ce livre m’ait irrité. (Il y a longtemps que je sais à quoi m’en tenir sur l’auteur !) Je t’avouerais même que je suis assez corrompu, assez orgueilleux ou assez vertueux pour m’en être démesurément amusé. Et puis en définitive j’y fais bonne figure. Ai-je l’air suffisamment rébarbatif ? Invulnérable piété, à la fois tout spirituel et invisible comme un ange - et baiseur comme un héros de de Sade (...). C'est (...) parce que j'étais trop maitre de mon foutre que nous nous sommes fâchés! Je trouvais qu'elle empiétait sur mon sexe. Les couilles peuvent se louer ou se prêter, mais s'aliéner, jamais! Cette publication m'a convaincu, une fois de plus, de l'immoralité profonde des femmes. (...) il y a des monstres aussi parmi les hommes! Or pas un homme ne ferait cela sur une ancienne maitresse" . Flaubert, Correspondance , III, pp. 56-57 4 pp. in-8 (211 x 135 mm), à l'encre noire sur papier teinté bleu. Nombreuses ratures et corrections. (traces de pliure, petite déchirure au pli central, décoloration du papier due à l'acidité de l'encre plus que des mots).
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