Manuscrit autographe d'un journal de voyage en Amérique,5 mai-20 juin 1795; un volume in-12 (15,5 x 9,5 cm) de 230 feuillets (paginés 1-222, plus des ff. ajoutés, et 3 mal ch.) écrits au recto avec de nombreuses additions et corrections en regard, reliure un peu postérieure basane brune, pièces de titre au dos (La Rochefoucauld. Manuscrits. I) (reliure usagée, charnière usée) Précieux journal de son voyage en Amérique dans les États de Pennsylvanie et New York, de Philadelphia à Buffalo, en mai et juin 1795, en compagnie d'un Anglais descendu de Huguenots, John Guillemard (1764-1844), diplômé d'Oxford, bientôt membre (1797) de l'American Philosophical Society, et promis à des fonctions diplomatiques importantes. Ce manuscrit correspond au tome premier du livre publié par La Rochefoucauld-Liancourt en 1799, Voyage dans les États-Unis d'Amérique, fait en 1795, 1796 et 1797 (8 vol., Paris, Dupont, an VII). Le premier feuillet du manuscrit est divisé en colonnes dans lesquelles La Rochefoucauld a noté les dates, les étapes, les noms des tavernes avec appréciation (très bonne, bonne, assez bonne, passable, très mal ), et les distances parcourues d'une étape à l'autre (soit un total de 732 miles). À la suite de cet itinéraire sommaire, la relation du voyage remplit les pages d'une petite écriture serrée, avec des ratures et corrections interlinéaires, mais aussi de plus amples corrections ou des développements notés sur les pages en regard; la fin du volume est rédigée au recto et au verso, par suite d'importants développements sur des feuillets ajoutés. Le manuscrit présente quelques différences avec le texte imprimé. La Rochefoucauld-Liancourt se montre un voyageur curieux des paysages et de la géographie, de l'origine des colons, des moeurs et de l'esprit public, des opinions politiques, des cultures, de l'alimentation, des données économiques, des bâtiments publics, de l'administration de la justice, des cultes religieux, de l'agriculture et de l'élevage, du commerce et de l'industrie, des gens de toute classe, des prix (denrées, terres, gages et salaires ), désireux de compléter ses observations par des noms et des chiffres glanés au fil des rencontres. Le journal recueille des réflexions sur l'attachement des citoyens américains à leur gouvernement fédéral, sur les moeurs, et aussi sur la Révolution française au fil de rencontres avec les Français expatriés en Amérique (on rencontre les noms de Becdelièvre, Blacons, Gerbier, Noailles, Mauldre, Montulé, du Petit-Thouars, Talon, etc.). Il commence ainsi (f° 1): «Mardy5 may. Nous devions nous mettre en route hier matin, nous nous y sommes mis aujourdhuy à midy. C'est un petit delay quand on entreprend un grand voyage. Enfin nous avons quitté Philadelphie. Nous nous sommes associés Mr Guillemard et moy pour ce long et interessant voyage, je pense que c'est un des meilleurs et des plus agreables compagnons que j'aye pu trouver. Je crois que je penserai toujours de meme, et je feray ce qu'il faudra pour qu'il soit aussy content de moy que j'ay envie de l'etre de luy. Notre caravanne est composée de nous deux, d'un domestique anglois qu'il a pris à ma recommandation, et sur lequel nous avons les meilleurs contes, de nos trois chevaux, d'un cheval qui porte nos bagages, de mon fidel Cartouche, et d'un chien à mon ami Mr Guillemard. J'ay quitté Philadelphie avec plaisir, j'en emporte des sentimens de reconnoissance pour un grand nombre de personnes, dont j'ay été bien traité, j'en emporte des sentimens d'affection pour la respectable famille Chew qui m'a reçu comme un ami, qui seroit la plus aimable de toutes les familles pour celuy meme qui n'auroit pas tant à s'en louer que moy, qui est bonne, charmante agreable dans son ensemble et dans tous ses details, et qui a ma tendre reconnoissance comme mes meilleurs souhaits. Mais malgré les accueils excellens que je recevois à Philadelphie je suis aise d'en etre parti. Etranger pauvre, recevant sans cesse des honnetetés sans pouvoir en rend
Manuscrit autographe d'un journal de voyage en Amérique,5 mai-20 juin 1795; un volume in-12 (15,5 x 9,5 cm) de 230 feuillets (paginés 1-222, plus des ff. ajoutés, et 3 mal ch.) écrits au recto avec de nombreuses additions et corrections en regard, reliure un peu postérieure basane brune, pièces de titre au dos (La Rochefoucauld. Manuscrits. I) (reliure usagée, charnière usée) Précieux journal de son voyage en Amérique dans les États de Pennsylvanie et New York, de Philadelphia à Buffalo, en mai et juin 1795, en compagnie d'un Anglais descendu de Huguenots, John Guillemard (1764-1844), diplômé d'Oxford, bientôt membre (1797) de l'American Philosophical Society, et promis à des fonctions diplomatiques importantes. Ce manuscrit correspond au tome premier du livre publié par La Rochefoucauld-Liancourt en 1799, Voyage dans les États-Unis d'Amérique, fait en 1795, 1796 et 1797 (8 vol., Paris, Dupont, an VII). Le premier feuillet du manuscrit est divisé en colonnes dans lesquelles La Rochefoucauld a noté les dates, les étapes, les noms des tavernes avec appréciation (très bonne, bonne, assez bonne, passable, très mal ), et les distances parcourues d'une étape à l'autre (soit un total de 732 miles). À la suite de cet itinéraire sommaire, la relation du voyage remplit les pages d'une petite écriture serrée, avec des ratures et corrections interlinéaires, mais aussi de plus amples corrections ou des développements notés sur les pages en regard; la fin du volume est rédigée au recto et au verso, par suite d'importants développements sur des feuillets ajoutés. Le manuscrit présente quelques différences avec le texte imprimé. La Rochefoucauld-Liancourt se montre un voyageur curieux des paysages et de la géographie, de l'origine des colons, des moeurs et de l'esprit public, des opinions politiques, des cultures, de l'alimentation, des données économiques, des bâtiments publics, de l'administration de la justice, des cultes religieux, de l'agriculture et de l'élevage, du commerce et de l'industrie, des gens de toute classe, des prix (denrées, terres, gages et salaires ), désireux de compléter ses observations par des noms et des chiffres glanés au fil des rencontres. Le journal recueille des réflexions sur l'attachement des citoyens américains à leur gouvernement fédéral, sur les moeurs, et aussi sur la Révolution française au fil de rencontres avec les Français expatriés en Amérique (on rencontre les noms de Becdelièvre, Blacons, Gerbier, Noailles, Mauldre, Montulé, du Petit-Thouars, Talon, etc.). Il commence ainsi (f° 1): «Mardy5 may. Nous devions nous mettre en route hier matin, nous nous y sommes mis aujourdhuy à midy. C'est un petit delay quand on entreprend un grand voyage. Enfin nous avons quitté Philadelphie. Nous nous sommes associés Mr Guillemard et moy pour ce long et interessant voyage, je pense que c'est un des meilleurs et des plus agreables compagnons que j'aye pu trouver. Je crois que je penserai toujours de meme, et je feray ce qu'il faudra pour qu'il soit aussy content de moy que j'ay envie de l'etre de luy. Notre caravanne est composée de nous deux, d'un domestique anglois qu'il a pris à ma recommandation, et sur lequel nous avons les meilleurs contes, de nos trois chevaux, d'un cheval qui porte nos bagages, de mon fidel Cartouche, et d'un chien à mon ami Mr Guillemard. J'ay quitté Philadelphie avec plaisir, j'en emporte des sentimens de reconnoissance pour un grand nombre de personnes, dont j'ay été bien traité, j'en emporte des sentimens d'affection pour la respectable famille Chew qui m'a reçu comme un ami, qui seroit la plus aimable de toutes les familles pour celuy meme qui n'auroit pas tant à s'en louer que moy, qui est bonne, charmante agreable dans son ensemble et dans tous ses details, et qui a ma tendre reconnoissance comme mes meilleurs souhaits. Mais malgré les accueils excellens que je recevois à Philadelphie je suis aise d'en etre parti. Etranger pauvre, recevant sans cesse des honnetetés sans pouvoir en rend
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