François BOUCHER Paris, 1703 - 1770 Académie d'homme, le bras levé, préparatoire au 'Livre d'académies dessinées d'après le naturel par François Boucher peintre du Roy' Sanguine brune Male nude, an arm raised, red chalk, by F. Boucher Hauteur : 45,50 Largeur : 30 cm Provenance : Collection particulière, Normandie ; Vente anonyme ; Paris, Artcurial, 19 juin 2012, n° 55 ; Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire ; Collection particulière, Paris Commentaire : En 1734 Boucher est reçu à l'Académie et commence à enseigner dès 1735 pour remplacer François Lemoyne accaparé par le chantier du Salon d'Hercule à Versailles. Sa charge de professeur lui impose de fournir aux élèves des dessins d'académies d'hommes à copier. Ceux qu'il réalise entre 1735 et 1739 sont traités avec une ligne fermée et bien conduite, mais le modelé est exprimé dans la tradition de l'enseignement académique avec des hachures courtes et rondes, sans recherche esthétique; l'évolution vers les dessins très convaincants et forts de la maturité se situe vers 1740 et tient au travail de réflexion et de synthèse de Boucher sur les modèles de Le Brun, de Rubens, des Carracci, et surtout de Jouvenet qu'il peut voir dans les collections privées qu'il fréquente et en particulier celle de Pierre Crozat dispersée en 1741: son 'Étude d'homme nu assis soutenant une draperie' du Nationalmuseum de Stockholm (inv. NM THC 5206) que l'on peut placer à coup sûr avant 1742, puisque c'est la date à laquelle l'ambassadeur Tessin rapporte en Suède sa collection, montre comment ces tendances s'exercent contradictoirement pendant une courte période : les grands traits longilignes de la maturité dus à l'influence de Jouvenet y sont associés aux hachures courtes de la décennie précédente. Jean Jouvenet est l'un des trois maîtres de la fin du règne de Louis XIV ; avec La Fosse et Coypel il a décoré la chapelle du château de Versailles. En regardant ses nombreuses académies, Boucher apprend à mettre ses corps en volume dans la lumière et il les sculpte comme lui par pans ; la musculature n'est plus courte et ronde, elle est exprimée avec un traitement en longueur. Le résultat est une singulière impression d'élongation du corps, qui en accentue la puissance et l'élégance. François Boucher reconnaît ouvertement ce qu'il doit à Jouvenet dans son 'Livre d'académies dessinées d'après le naturel', gravé par Larue d'après ses dessins autour de 1750. Dans ce recueil de douze planches destinées à servir de modèle aux élèves, des dessins de Jouvenet sont intégrés au milieu des siens. L'un de ces dessins, conservé aujourd'hui à l'École nationale supérieure des beaux-arts (inv. EBA 1127), a par exemple fait l'objet de la planche 7. Le dessin présenté ici, gravé dans le même sens au frontispice du même livre (fig. 1), reflète très probablement une œuvre perdue de Jouvenet. Boucher s'y montre en effet très proche de son modèle : même choix d'une pose où le visage est en partie caché, mêmes mains courtes aux doigts carrés, lui qui ordinairement assouplit les contours, joue plus de la lumière et conduit un trait moins fragmenté. Cet apport irremplaçable des dessins de nus de Jouvenet pour Boucher, complété par des emprunts d'attitudes à Rubens ou aux œuvres des Carrache forge un style propre, très puissant, recherché des amateurs. La sanguine brune employée ici est intéressante car elle reflète, dans la seconde moitié de la carrière de l'artiste, ses recherches et ses essais de nouveaux procédés qui le conduisent vers une véritable sanguine brulée dans les dernières années de sa vie1. Dans les années 1970, R. Shoolman Slatkin avait déjà fait le lien entre Jouvenet et Boucher en montrant que ce dernier avait copié une contre-épreuve d'un dessin perdu du maître, si célèbre qu'elle servira plus tard à la planche XIX de l'article " Dessein " de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert2. Nous remercions Madame Françoise Joulie de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce dessin par un exam
François BOUCHER Paris, 1703 - 1770 Académie d'homme, le bras levé, préparatoire au 'Livre d'académies dessinées d'après le naturel par François Boucher peintre du Roy' Sanguine brune Male nude, an arm raised, red chalk, by F. Boucher Hauteur : 45,50 Largeur : 30 cm Provenance : Collection particulière, Normandie ; Vente anonyme ; Paris, Artcurial, 19 juin 2012, n° 55 ; Acquis lors de cette vente par l'actuel propriétaire ; Collection particulière, Paris Commentaire : En 1734 Boucher est reçu à l'Académie et commence à enseigner dès 1735 pour remplacer François Lemoyne accaparé par le chantier du Salon d'Hercule à Versailles. Sa charge de professeur lui impose de fournir aux élèves des dessins d'académies d'hommes à copier. Ceux qu'il réalise entre 1735 et 1739 sont traités avec une ligne fermée et bien conduite, mais le modelé est exprimé dans la tradition de l'enseignement académique avec des hachures courtes et rondes, sans recherche esthétique; l'évolution vers les dessins très convaincants et forts de la maturité se situe vers 1740 et tient au travail de réflexion et de synthèse de Boucher sur les modèles de Le Brun, de Rubens, des Carracci, et surtout de Jouvenet qu'il peut voir dans les collections privées qu'il fréquente et en particulier celle de Pierre Crozat dispersée en 1741: son 'Étude d'homme nu assis soutenant une draperie' du Nationalmuseum de Stockholm (inv. NM THC 5206) que l'on peut placer à coup sûr avant 1742, puisque c'est la date à laquelle l'ambassadeur Tessin rapporte en Suède sa collection, montre comment ces tendances s'exercent contradictoirement pendant une courte période : les grands traits longilignes de la maturité dus à l'influence de Jouvenet y sont associés aux hachures courtes de la décennie précédente. Jean Jouvenet est l'un des trois maîtres de la fin du règne de Louis XIV ; avec La Fosse et Coypel il a décoré la chapelle du château de Versailles. En regardant ses nombreuses académies, Boucher apprend à mettre ses corps en volume dans la lumière et il les sculpte comme lui par pans ; la musculature n'est plus courte et ronde, elle est exprimée avec un traitement en longueur. Le résultat est une singulière impression d'élongation du corps, qui en accentue la puissance et l'élégance. François Boucher reconnaît ouvertement ce qu'il doit à Jouvenet dans son 'Livre d'académies dessinées d'après le naturel', gravé par Larue d'après ses dessins autour de 1750. Dans ce recueil de douze planches destinées à servir de modèle aux élèves, des dessins de Jouvenet sont intégrés au milieu des siens. L'un de ces dessins, conservé aujourd'hui à l'École nationale supérieure des beaux-arts (inv. EBA 1127), a par exemple fait l'objet de la planche 7. Le dessin présenté ici, gravé dans le même sens au frontispice du même livre (fig. 1), reflète très probablement une œuvre perdue de Jouvenet. Boucher s'y montre en effet très proche de son modèle : même choix d'une pose où le visage est en partie caché, mêmes mains courtes aux doigts carrés, lui qui ordinairement assouplit les contours, joue plus de la lumière et conduit un trait moins fragmenté. Cet apport irremplaçable des dessins de nus de Jouvenet pour Boucher, complété par des emprunts d'attitudes à Rubens ou aux œuvres des Carrache forge un style propre, très puissant, recherché des amateurs. La sanguine brune employée ici est intéressante car elle reflète, dans la seconde moitié de la carrière de l'artiste, ses recherches et ses essais de nouveaux procédés qui le conduisent vers une véritable sanguine brulée dans les dernières années de sa vie1. Dans les années 1970, R. Shoolman Slatkin avait déjà fait le lien entre Jouvenet et Boucher en montrant que ce dernier avait copié une contre-épreuve d'un dessin perdu du maître, si célèbre qu'elle servira plus tard à la planche XIX de l'article " Dessein " de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert2. Nous remercions Madame Françoise Joulie de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce dessin par un exam
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