Guerre d’Algérie. 234 L.A.S. d’Henri Colas, 1955-1962, à sa femme Josette et leur fille Mireille, à Boulogne-sur-Seine puis Verneuil-sur-Seine ; plus de 530 pages formats divers d’une écriture parfaitement lisible, nombreuses enveloppes. Importante et très intéressante correspondance d’un militaire de carrière, né en 1923, engagé en octobre 1945 ; Henri Colas avait déjà connu la Corée et l’Indochine avant d’arriver en Algérie, avec le grade de sergent (il passera sergent-chef, puis adjudant). Ces lettres, écrites de Boufarik, Relizane, Marna, Bab-el-Assa, environs de Tlemcen, Montagnac, Saint-Cloud (Oran), Tizi-Ozou, etc., témoignent de conditions de vie souvent très dures : carences d’équipement et de vivres, températures extrêmes, sabotages, exactions, désertions, composition suspecte des troupes, etc. Selon les journaux de France la pacification est presque terminée : « ce sont de sacrés menteurs, car j’ai l’impression, étant aux premières loges, que c’est tout le contraire » (24 janvier 1956)… Dénonciation de l’égoïsme de ses compatriotes, qui rapetissent la France : « Si tu avais vu […] les atrocités commises par ces bandits qui ne sont nullement des hommes, cela dépasse l’honneur d’être un homme, quand tu vois les enfants de quatre mois, jusqu’à sept ou huit ans, la gorge ouverte et que tu les prends dans tes bras et qu’il n’y a que la peau du cou arrière qui tient. De plus terrible, ils osaient enfoncer dans l’anus de ces innocents des manches de pioches ou de pelles. Aux femmes, les seins leur étaient coupés et d’autres mutilisations. Est-ce que tu vois sur les journaux de ces photos, certainement non mais on parle de répression militaire » (1er mars 1956)… Commentaires sur la mentalité « désastreuse » des indigènes, et l’inégalité des sexes : « C’est une infamie de voir les chefs de famille laisser leur femme et leurs enfants dans un état de saloperie. Eux font les beaux, le restant ne compte pas, pire que des bêtes. Le jour où la femme d’ici sera émancipée, je n’en vois pas l’aube » (10 novembre 1957)… La France est généreuse avec le sang de ses hommes : « L’Armée perd combien de cadres de valeur, car nous savons “pacifier” et non conquérir par la terreur et cela coûte cher, comme politique » (17 janvier 1958)… Les harkis sous ses ordres sont fidèles et braves… Il espère qu’un De Gaulle pourra sortir la France du pétrin… Vers la fin de 1958, on sent chez les salopards une nette tendance à la débandade… à Philippeville, il fait connaissance avec le Centre d’instruction à la pacification et à la contre-guerilla, « le fameux centre du colonel Bigeard et je t’assure que la discipline est stricte. Il faut serrer les dents » (22 avril 1959)… Aucune lettre en 1960. En 1961, Colas opère le long de la frontière marocaine. « Je ne sais si nous allons encore rester longtemps en Algérie, mais d’après le discours du général De Gaulle, je crois que les événements vont se précipiter » (30 décembre 1961)… Échos de rapatriement des unités militaires et du référendum… Situation anarchique malgré de belles phrases de réconciliation… Rumeurs sur la mobilisation des femmes… Attentats visant les gendarmes, puis l’armée… Exode des Européens, abandonnant leurs biens. « La radio officielle a beau leur donner des garanties sur tous les plans, ils n’ont pas confiance et moi je les comprends, car il faut voir les dessous. La presse française ne dit rien et ne peut rien dire. Le pauvre De Gaulle s’est fait rouler comme un bleu » (4 août 1962)… Les civils européens supportent des brimades de toute nature : enlèvements, pillages, viols. « Nous, nous respectons loyalement les accords d’Évian, mais eux ils en profitent, cette race de chiens d’Arabes, je ne suis pas raciste mais c’est la plus belle saloperie que la Terre ait sortie […] tout ce que peut raconter notre T.V. pourrie n’est que mensonges » (11 octobre 1962)… Etc. On joint un ensemble de lettres à lui adressées par sa femme (plus de 50), leur fille (6), son père (5), son frère Robert (6),
Guerre d’Algérie. 234 L.A.S. d’Henri Colas, 1955-1962, à sa femme Josette et leur fille Mireille, à Boulogne-sur-Seine puis Verneuil-sur-Seine ; plus de 530 pages formats divers d’une écriture parfaitement lisible, nombreuses enveloppes. Importante et très intéressante correspondance d’un militaire de carrière, né en 1923, engagé en octobre 1945 ; Henri Colas avait déjà connu la Corée et l’Indochine avant d’arriver en Algérie, avec le grade de sergent (il passera sergent-chef, puis adjudant). Ces lettres, écrites de Boufarik, Relizane, Marna, Bab-el-Assa, environs de Tlemcen, Montagnac, Saint-Cloud (Oran), Tizi-Ozou, etc., témoignent de conditions de vie souvent très dures : carences d’équipement et de vivres, températures extrêmes, sabotages, exactions, désertions, composition suspecte des troupes, etc. Selon les journaux de France la pacification est presque terminée : « ce sont de sacrés menteurs, car j’ai l’impression, étant aux premières loges, que c’est tout le contraire » (24 janvier 1956)… Dénonciation de l’égoïsme de ses compatriotes, qui rapetissent la France : « Si tu avais vu […] les atrocités commises par ces bandits qui ne sont nullement des hommes, cela dépasse l’honneur d’être un homme, quand tu vois les enfants de quatre mois, jusqu’à sept ou huit ans, la gorge ouverte et que tu les prends dans tes bras et qu’il n’y a que la peau du cou arrière qui tient. De plus terrible, ils osaient enfoncer dans l’anus de ces innocents des manches de pioches ou de pelles. Aux femmes, les seins leur étaient coupés et d’autres mutilisations. Est-ce que tu vois sur les journaux de ces photos, certainement non mais on parle de répression militaire » (1er mars 1956)… Commentaires sur la mentalité « désastreuse » des indigènes, et l’inégalité des sexes : « C’est une infamie de voir les chefs de famille laisser leur femme et leurs enfants dans un état de saloperie. Eux font les beaux, le restant ne compte pas, pire que des bêtes. Le jour où la femme d’ici sera émancipée, je n’en vois pas l’aube » (10 novembre 1957)… La France est généreuse avec le sang de ses hommes : « L’Armée perd combien de cadres de valeur, car nous savons “pacifier” et non conquérir par la terreur et cela coûte cher, comme politique » (17 janvier 1958)… Les harkis sous ses ordres sont fidèles et braves… Il espère qu’un De Gaulle pourra sortir la France du pétrin… Vers la fin de 1958, on sent chez les salopards une nette tendance à la débandade… à Philippeville, il fait connaissance avec le Centre d’instruction à la pacification et à la contre-guerilla, « le fameux centre du colonel Bigeard et je t’assure que la discipline est stricte. Il faut serrer les dents » (22 avril 1959)… Aucune lettre en 1960. En 1961, Colas opère le long de la frontière marocaine. « Je ne sais si nous allons encore rester longtemps en Algérie, mais d’après le discours du général De Gaulle, je crois que les événements vont se précipiter » (30 décembre 1961)… Échos de rapatriement des unités militaires et du référendum… Situation anarchique malgré de belles phrases de réconciliation… Rumeurs sur la mobilisation des femmes… Attentats visant les gendarmes, puis l’armée… Exode des Européens, abandonnant leurs biens. « La radio officielle a beau leur donner des garanties sur tous les plans, ils n’ont pas confiance et moi je les comprends, car il faut voir les dessous. La presse française ne dit rien et ne peut rien dire. Le pauvre De Gaulle s’est fait rouler comme un bleu » (4 août 1962)… Les civils européens supportent des brimades de toute nature : enlèvements, pillages, viols. « Nous, nous respectons loyalement les accords d’Évian, mais eux ils en profitent, cette race de chiens d’Arabes, je ne suis pas raciste mais c’est la plus belle saloperie que la Terre ait sortie […] tout ce que peut raconter notre T.V. pourrie n’est que mensonges » (11 octobre 1962)… Etc. On joint un ensemble de lettres à lui adressées par sa femme (plus de 50), leur fille (6), son père (5), son frère Robert (6),
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