Gustave FLAUBERT (1821-1880). 2 manuscrits autographes, Sur le roman de Roncevaux (Li romans de Roncivals), et Sur les épopées françaises au XIIe siècle, [vers 1836-1840 ?] ; 5 pages et demie in-fol. Et 3 pages et demie in-fol. , montées sur onglets, reliure-chemise moderne chagrin rouge avec gardes de chagrin rouge. Belle réunion de deux manuscrits témoignant du vif intérêt que Flaubert portait à l'héritage littéraire du Moyen Âge français. Sur le roman de Roncevaux. Flaubert a noté en haut de la première page : extrait d'une thèse de Mr Monin à la faculté de lettres. Il renvoie ainsi à la Dissertation sur le Roman de Roncevaux d'Henri Monin, élève de l'École normale, imprimée par autorisation du Roi en 1832 à l'Imprimerie Royale. Cette analyse et édition partielle d'un manuscrit du XIIIe siècle complété par une transcription plus récente du Roman avait été saluée avec éclat par des érudits tels que François Raynouard (Journal des savants) et Saint-Marc-Girardin (quatre articles dans les Débats). Flaubert a pu la connaître très jeune : on sait qu'entre septembre 1835 et septembre 1836, lycéen encore, il écrivit cinq contes inspirés d'intrigues du Moyen Âge et de la Renaissance, en s'appuyant sur les Leçons et Modèles de littérature française de Tissot (1835-1836). L'immense renommée de Roland et de la bataille de Roncevaux ne pouvait que l'intéresser à cette thèse. Le manuscrit de Flaubert suit de près les pages 3 à 57 de la Dissertation, citant des extraits du Roman et recueillant des fragments du commentaire de Monin. Flaubert s'est appliqué à reproduire l'orthographe ancienne ; il lui arrive cependant d'adopter une graphie moderne ou, a contrario, de donner une leçon archaïsante. Citons-en le début : 8,000 vers le composent. Il commence ainsi Charlles li rois à la barbe graifaigne Six ans tot plens a esté en Espagne Conquis la terre jusqu'à la mer altaigne … Suit la célèbre histoire mettant en scène Marsile, roi mahométan , Charlemagne, son vaillant neveu Roland, et Ganelon, second mari de la mère de Roland, couard et traître, leurs barons… La grande bataille est racontée avec verve, et Flaubert ne manque pas de résumer la fin de Roland : Tous ces braves sont morts. - Turpin de Rheims est blessé son cheval est tué il ne reste plus de toute l'armée chretienne que deux hommes et un cheval. [... ] Cependant Roland est blessé. Il va mourir … Et de citer : Rollans se gist soz un aubre failis. Devers l'Espagne a retourné son vis. De maintes choses à porpainser se prit De tant de terres comment il a conquis De douce France de ceux de son païs … Le texte de Flaubert reprend toute la fin du Roman : le désespoir de Charlemagne, sa poursuite des Sarrasins, la seconde bataille de Roncevaux, des combats singuliers, la victoire des chrétiens, le désespoir de la belle Aude, et la vengeance finale, que Flaubert résume par une note laconique : Ganelon est mis au supplice … Sur les épopées françaises au XIIe siècle. Ce manuscrit, dont l'écriture semble un peu postérieure, porte en tête la référence bibliographique de sa source, une brochure de 32 pages d'Edgar Quinet : Rapport au ministre des travaux publics - restées jusqu'à ce jour en mss. dans les bibliothèques du roi et de l'Arsenal par E. Quinet. 1831. Levrault rue de la Harpe 81. Flaubert suit de près le Rapport, dont il donne des extraits qui l'ont particulièrement frappé. Nous en citons le début : L'antiquité reconnaît qu'antérieurement à la conquête dans les Gaules les celtes avaient des poèmes que nous ne pouvons nous figurer autrement que semblables aux Vedsa des Indiens, au Zend-Avesta des Persans, aux recueils hermétiques des Persans. La jeunesse Gauloise mettait vingt ans à les apprendre. Ils contenaient ainsi que tous ces monuments deux parties 1° les dogmes théologiques sur la formation de l'univers 2° la généalogie et l'histoire primitive de la race indigène. Les romains traduisirent ces livres tels que les poèmes de l'Armorique de Cornouailles d'Irlande du Gévaudan, d'Espa
Gustave FLAUBERT (1821-1880). 2 manuscrits autographes, Sur le roman de Roncevaux (Li romans de Roncivals), et Sur les épopées françaises au XIIe siècle, [vers 1836-1840 ?] ; 5 pages et demie in-fol. Et 3 pages et demie in-fol. , montées sur onglets, reliure-chemise moderne chagrin rouge avec gardes de chagrin rouge. Belle réunion de deux manuscrits témoignant du vif intérêt que Flaubert portait à l'héritage littéraire du Moyen Âge français. Sur le roman de Roncevaux. Flaubert a noté en haut de la première page : extrait d'une thèse de Mr Monin à la faculté de lettres. Il renvoie ainsi à la Dissertation sur le Roman de Roncevaux d'Henri Monin, élève de l'École normale, imprimée par autorisation du Roi en 1832 à l'Imprimerie Royale. Cette analyse et édition partielle d'un manuscrit du XIIIe siècle complété par une transcription plus récente du Roman avait été saluée avec éclat par des érudits tels que François Raynouard (Journal des savants) et Saint-Marc-Girardin (quatre articles dans les Débats). Flaubert a pu la connaître très jeune : on sait qu'entre septembre 1835 et septembre 1836, lycéen encore, il écrivit cinq contes inspirés d'intrigues du Moyen Âge et de la Renaissance, en s'appuyant sur les Leçons et Modèles de littérature française de Tissot (1835-1836). L'immense renommée de Roland et de la bataille de Roncevaux ne pouvait que l'intéresser à cette thèse. Le manuscrit de Flaubert suit de près les pages 3 à 57 de la Dissertation, citant des extraits du Roman et recueillant des fragments du commentaire de Monin. Flaubert s'est appliqué à reproduire l'orthographe ancienne ; il lui arrive cependant d'adopter une graphie moderne ou, a contrario, de donner une leçon archaïsante. Citons-en le début : 8,000 vers le composent. Il commence ainsi Charlles li rois à la barbe graifaigne Six ans tot plens a esté en Espagne Conquis la terre jusqu'à la mer altaigne … Suit la célèbre histoire mettant en scène Marsile, roi mahométan , Charlemagne, son vaillant neveu Roland, et Ganelon, second mari de la mère de Roland, couard et traître, leurs barons… La grande bataille est racontée avec verve, et Flaubert ne manque pas de résumer la fin de Roland : Tous ces braves sont morts. - Turpin de Rheims est blessé son cheval est tué il ne reste plus de toute l'armée chretienne que deux hommes et un cheval. [... ] Cependant Roland est blessé. Il va mourir … Et de citer : Rollans se gist soz un aubre failis. Devers l'Espagne a retourné son vis. De maintes choses à porpainser se prit De tant de terres comment il a conquis De douce France de ceux de son païs … Le texte de Flaubert reprend toute la fin du Roman : le désespoir de Charlemagne, sa poursuite des Sarrasins, la seconde bataille de Roncevaux, des combats singuliers, la victoire des chrétiens, le désespoir de la belle Aude, et la vengeance finale, que Flaubert résume par une note laconique : Ganelon est mis au supplice … Sur les épopées françaises au XIIe siècle. Ce manuscrit, dont l'écriture semble un peu postérieure, porte en tête la référence bibliographique de sa source, une brochure de 32 pages d'Edgar Quinet : Rapport au ministre des travaux publics - restées jusqu'à ce jour en mss. dans les bibliothèques du roi et de l'Arsenal par E. Quinet. 1831. Levrault rue de la Harpe 81. Flaubert suit de près le Rapport, dont il donne des extraits qui l'ont particulièrement frappé. Nous en citons le début : L'antiquité reconnaît qu'antérieurement à la conquête dans les Gaules les celtes avaient des poèmes que nous ne pouvons nous figurer autrement que semblables aux Vedsa des Indiens, au Zend-Avesta des Persans, aux recueils hermétiques des Persans. La jeunesse Gauloise mettait vingt ans à les apprendre. Ils contenaient ainsi que tous ces monuments deux parties 1° les dogmes théologiques sur la formation de l'univers 2° la généalogie et l'histoire primitive de la race indigène. Les romains traduisirent ces livres tels que les poèmes de l'Armorique de Cornouailles d'Irlande du Gévaudan, d'Espa
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