LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À JACQUES BONNEFOY. Rodez, 13 septembre 1945 ; 16 pages in-8°. Lettre autographe au crayon sur papier d'écolier, d'une écriture serrée, datée, signée et adressée par Antonin Artaud à Jacques Bonnefoy, relative à ses obsessions, aux « Tarahumaras », et aux violences physiques et psychologiques qu'il aurait subi à Rodez. « Je connais un certain nombre d'endroits à Paris où ces initiés du mal se réunissent. Il n'y en a pas qu'à Paris, il y en a sur toute la terre et je suis allé au Mexique pour essayer de trouver des hommes purs qui fassent barrage mais je n'en ai pas trouvé non plus et les « Tarahumaras » ne sont pas du tout ce que je pensais... » « Ici à Rodez, j'ai à me plaindre d'autre chose. C'est que le Docteur Ferdière qui me connaît fort bien est au courant de cette vieille affaire d'envoûtement, sachant très bien qui je suis, m'a reproché quand je travaillais et écrivais et que je chantais ou déclamais dans ma chambre pour m'accompagner dans mon travail, de me livrer à des incantations magiques qu'il a traitées de délire mental et traitées par cinquante comas d'électrochocs, ce qui est une abjection et une infamie. Et je trouve, et je sais d'ailleurs qu'il savait très bien de quoi il s'agissait mais que mes recherches de poésie et d'âmes gênaient son âme d'érotomane et que c'est une vengeance personnelle qu'il exerçait contre moi sous des dehors d'ami et de médecin, mais je ne lui ai jamais permis d'être mon médecin et ne l'y ai jamais invité et je pense qu'il aurait besoin de soins lui-même car tout le monde ici n'a cessé de se plaindre de ses sautes inexplicables d'humeur dues à son érotomanie et à l'emploi d'une drogue que je ne veux pas nommer, car ces marées d'envoûtement dont je vous parlais il les a prises pour son compte chaque fois qu'il a voulu m'imposer en me paralysant la conscience pour m'empêcher de protester une nouvelle série d'électrochocs. Cet électrochoc est une médecine criminelle car elle détruit le moi du patient sous couleur de faire sortir de ses moelles un moi plus profond et non malade cela d'ailleurs ne se soutient pas car la démence a quelque chose de plus profond que toutes les électricités mais quand il s'agit d'un moi comme le mien, je n'admets pas qu'on me le brûle par l'électricité et qu'on me jette comme cela s'est passé ici cinquante fois dans le comas pour me faire oublier mon âme, mon imagination et ma poésie, car ces comas ont été pour moi chaque fois quelque chose de pire que la mort et je me souviens des affres monstrueuses que j'ai subies et je n'en veux plus à aucun prix. D'ailleurs le Dr Ferdière a fini par me rendre ma liberté il y a trois semaines mais les envoûtements dont j'ai à me plaindre d'autre part n'ont pas cessé pour cela et il est temps que je sorte d'ici pour vivre et me nourrir d'une manière qui me mette à l'abri de tout mal »... LETTRE INÉDITE EXCEPTIONNELLE.
LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À JACQUES BONNEFOY. Rodez, 13 septembre 1945 ; 16 pages in-8°. Lettre autographe au crayon sur papier d'écolier, d'une écriture serrée, datée, signée et adressée par Antonin Artaud à Jacques Bonnefoy, relative à ses obsessions, aux « Tarahumaras », et aux violences physiques et psychologiques qu'il aurait subi à Rodez. « Je connais un certain nombre d'endroits à Paris où ces initiés du mal se réunissent. Il n'y en a pas qu'à Paris, il y en a sur toute la terre et je suis allé au Mexique pour essayer de trouver des hommes purs qui fassent barrage mais je n'en ai pas trouvé non plus et les « Tarahumaras » ne sont pas du tout ce que je pensais... » « Ici à Rodez, j'ai à me plaindre d'autre chose. C'est que le Docteur Ferdière qui me connaît fort bien est au courant de cette vieille affaire d'envoûtement, sachant très bien qui je suis, m'a reproché quand je travaillais et écrivais et que je chantais ou déclamais dans ma chambre pour m'accompagner dans mon travail, de me livrer à des incantations magiques qu'il a traitées de délire mental et traitées par cinquante comas d'électrochocs, ce qui est une abjection et une infamie. Et je trouve, et je sais d'ailleurs qu'il savait très bien de quoi il s'agissait mais que mes recherches de poésie et d'âmes gênaient son âme d'érotomane et que c'est une vengeance personnelle qu'il exerçait contre moi sous des dehors d'ami et de médecin, mais je ne lui ai jamais permis d'être mon médecin et ne l'y ai jamais invité et je pense qu'il aurait besoin de soins lui-même car tout le monde ici n'a cessé de se plaindre de ses sautes inexplicables d'humeur dues à son érotomanie et à l'emploi d'une drogue que je ne veux pas nommer, car ces marées d'envoûtement dont je vous parlais il les a prises pour son compte chaque fois qu'il a voulu m'imposer en me paralysant la conscience pour m'empêcher de protester une nouvelle série d'électrochocs. Cet électrochoc est une médecine criminelle car elle détruit le moi du patient sous couleur de faire sortir de ses moelles un moi plus profond et non malade cela d'ailleurs ne se soutient pas car la démence a quelque chose de plus profond que toutes les électricités mais quand il s'agit d'un moi comme le mien, je n'admets pas qu'on me le brûle par l'électricité et qu'on me jette comme cela s'est passé ici cinquante fois dans le comas pour me faire oublier mon âme, mon imagination et ma poésie, car ces comas ont été pour moi chaque fois quelque chose de pire que la mort et je me souviens des affres monstrueuses que j'ai subies et je n'en veux plus à aucun prix. D'ailleurs le Dr Ferdière a fini par me rendre ma liberté il y a trois semaines mais les envoûtements dont j'ai à me plaindre d'autre part n'ont pas cessé pour cela et il est temps que je sorte d'ici pour vivre et me nourrir d'une manière qui me mette à l'abri de tout mal »... LETTRE INÉDITE EXCEPTIONNELLE.
Testen Sie LotSearch und seine Premium-Features 7 Tage - ohne Kosten!
Lassen Sie sich automatisch über neue Objekte in kommenden Auktionen benachrichtigen.
Suchauftrag anlegen