M arie Guillemine BENOIST née LAVILLE -LE ROULX (Paris 1768 - 1826) Attribué à « Portrait de Michel Etienne Le Peletier de Saint Fargeau (1736-1778) » Toile 215 x 129 cm Restaurations anciennes Provenance : Collection Boisgelin, Par descendance collection Pozzo di Borgo. Bibliographie : Probablement Astrid Reuter, Marie-Guilhelmine Benoist, Berlin, 2002, p. 289, n°57 (Portrait du père de Félix Le Pelletier, comme disparu). Biographie : Reçu avocat-général au Parlement de Paris le 6 septembre 1747, Michel Etienne Le Peletier de Saint Fargeau devint président à mortier en 1764. Il se maria en 1755 avec Suzanne-Louise Le Peletier de Baupré et ils eurent comme fils Louis-Michel le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793), juriste lui aussi, célèbre pour son rôle durant la Révolution, en tant que député à la Convention et son assassinat par un royaliste. Son cadet, Félix Le Peletier (1767-1837) fut aussi conventionnel. Jacobin et babouviste, il s’exile après le coup d’Etat du 18 brumaire à l’île de Ré, puis à Genève. Amnistié lors du Sacre, il est banni de la Capitale et s’installe à Versailles, puis en Normandie. En 1807, il commande son portrait et celui de son père à Madame Benoist et place sa nièce Suzanne Le Peletier dans l’atelier de Madame Benoist. Ses liens avec la famille Le Peletier et l’exécution de deux toiles sont documentés en 1807 dans sa correspondance avec son mari Pierre-Vincent Benoist 1. David lui-même en aurait fait les éloges. La tradition familiale donne en effet le tableau à Madame Benoist et la trace de cette commande plaide en faveur de cette attribution : élève de Vigée-Lebrun, puis de David, celle-ci exposa aux salons dès 1791, et montra à celui de 1800, le Portrait d’une femme noire (Paris, musée du Louvre), très célèbre. Elle était reconnue comme un portraitiste, notamment celui du Premier Consul en 1804, celui de la Princesse Borghèse en 1808, et de l’Empereur en 1807. Elle réalisa aussi quelques peintures d’histoire et de genre. Elle restait très proche de son maître David, lequel avait récupéré et gardait dans son atelier le portrait de Louis-Michel peint pour la Convention en 1793. Le grand drapé rouge qui structure ici l’image évoque autant les grands portraits de parlementaires ou de magistrats de Philippe de Champaigne (Omer Talon, Richelieu) que les premiers tableaux de David (Les Horaces) ou de Drouais (Marius à Minturnes). 1 Correspondance de l’artiste avec son mari Pierre-Vincent Benoist aux Archives Nationales, Fonds Benoist d’Azy, cote 161 AQ 9 7 avril 1807 : « J’ai joui des éloges du maitre [David], il aime beaucoup la Balle, et est très content de Gall, il aime beaucoup aussi le père de P. et dit que c’est un beau tableau ». 9 février 1807 : 1807 [entre le 26 février 1807 et le 12 mars 1807] « Les tableaux de Le Pelletier sont terminés, il parait enchanté, ils sont tous dans la même chambre, cette réunion fait bon effet, il brûle de les emporter, et moi j’en suis assez lasse », 12 mars [1807]. Un autre courrier est cité par Marianne Lévy, sans qu’elle précise sa cote aux archives nationales («Marie- Guillemine Laville-Leroulx et les siens Une Femme peintre de l’Ancien Régime à la Restauration (1768-1826)», p.220) : « Adieu, mon ami, vous voyez que je suis ce matin dans les impatiences, et écrasée de besogne. Pelletier me presse et me poursuit pour lui et pour son père, Casabianca pour le sien, Eléonore que je couronne mercredi. En vérité je voudrais avoir dix bras et je n’en aurais pas trop. Venez m’apporter les deux vôtres, mon ami. Vous y recevrez avec quelque plaisir votre nichée ».
M arie Guillemine BENOIST née LAVILLE -LE ROULX (Paris 1768 - 1826) Attribué à « Portrait de Michel Etienne Le Peletier de Saint Fargeau (1736-1778) » Toile 215 x 129 cm Restaurations anciennes Provenance : Collection Boisgelin, Par descendance collection Pozzo di Borgo. Bibliographie : Probablement Astrid Reuter, Marie-Guilhelmine Benoist, Berlin, 2002, p. 289, n°57 (Portrait du père de Félix Le Pelletier, comme disparu). Biographie : Reçu avocat-général au Parlement de Paris le 6 septembre 1747, Michel Etienne Le Peletier de Saint Fargeau devint président à mortier en 1764. Il se maria en 1755 avec Suzanne-Louise Le Peletier de Baupré et ils eurent comme fils Louis-Michel le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793), juriste lui aussi, célèbre pour son rôle durant la Révolution, en tant que député à la Convention et son assassinat par un royaliste. Son cadet, Félix Le Peletier (1767-1837) fut aussi conventionnel. Jacobin et babouviste, il s’exile après le coup d’Etat du 18 brumaire à l’île de Ré, puis à Genève. Amnistié lors du Sacre, il est banni de la Capitale et s’installe à Versailles, puis en Normandie. En 1807, il commande son portrait et celui de son père à Madame Benoist et place sa nièce Suzanne Le Peletier dans l’atelier de Madame Benoist. Ses liens avec la famille Le Peletier et l’exécution de deux toiles sont documentés en 1807 dans sa correspondance avec son mari Pierre-Vincent Benoist 1. David lui-même en aurait fait les éloges. La tradition familiale donne en effet le tableau à Madame Benoist et la trace de cette commande plaide en faveur de cette attribution : élève de Vigée-Lebrun, puis de David, celle-ci exposa aux salons dès 1791, et montra à celui de 1800, le Portrait d’une femme noire (Paris, musée du Louvre), très célèbre. Elle était reconnue comme un portraitiste, notamment celui du Premier Consul en 1804, celui de la Princesse Borghèse en 1808, et de l’Empereur en 1807. Elle réalisa aussi quelques peintures d’histoire et de genre. Elle restait très proche de son maître David, lequel avait récupéré et gardait dans son atelier le portrait de Louis-Michel peint pour la Convention en 1793. Le grand drapé rouge qui structure ici l’image évoque autant les grands portraits de parlementaires ou de magistrats de Philippe de Champaigne (Omer Talon, Richelieu) que les premiers tableaux de David (Les Horaces) ou de Drouais (Marius à Minturnes). 1 Correspondance de l’artiste avec son mari Pierre-Vincent Benoist aux Archives Nationales, Fonds Benoist d’Azy, cote 161 AQ 9 7 avril 1807 : « J’ai joui des éloges du maitre [David], il aime beaucoup la Balle, et est très content de Gall, il aime beaucoup aussi le père de P. et dit que c’est un beau tableau ». 9 février 1807 : 1807 [entre le 26 février 1807 et le 12 mars 1807] « Les tableaux de Le Pelletier sont terminés, il parait enchanté, ils sont tous dans la même chambre, cette réunion fait bon effet, il brûle de les emporter, et moi j’en suis assez lasse », 12 mars [1807]. Un autre courrier est cité par Marianne Lévy, sans qu’elle précise sa cote aux archives nationales («Marie- Guillemine Laville-Leroulx et les siens Une Femme peintre de l’Ancien Régime à la Restauration (1768-1826)», p.220) : « Adieu, mon ami, vous voyez que je suis ce matin dans les impatiences, et écrasée de besogne. Pelletier me presse et me poursuit pour lui et pour son père, Casabianca pour le sien, Eléonore que je couronne mercredi. En vérité je voudrais avoir dix bras et je n’en aurais pas trop. Venez m’apporter les deux vôtres, mon ami. Vous y recevrez avec quelque plaisir votre nichée ».
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