MICHAUX, Henri Visage Dessin original, signé de ses initiales en bas à droite. Frottage à la mine de plomb, 30, 5 x 23, 5 cm, encadrement sous verre. Les " frottages " d'Henri Michaux : parallèlement à son travail d'écriture, Michaux a poursuivi une activité régulière de peinture et de dessin à partir de 1934. Il a abordé diverses techniques, mine de plomb, crayons de couleurs, encre, gouache, peinture acrylique... Entre 1944 et 1947, isolé et dans un dénuement complet, Michaux a également pratiqué le frottage (technique popularisée par Max Ernst consistant à passer une mine de plomb à la surface d'une feuille de papier placée sur des matériaux en relief : selon un jeu de hasard réinterprété par l'imagination et rehaussé en conséquence, il faisait surgir de la feuille les effigies troubles des " fantômes fidèles " qui peuplaient pour lui " l'espace du dedans ". Henri Michaux en " perpétuelle fièvre du visage " : avec les frottages, notamment, s'imposaient à lui d'extraordinaires visages, vulnérables et violentés : " On est aussi dans une perpétuelle fièvre du visage. Dès que je prends un crayon, un pinceau, il m´en vient sur le papier, les uns après les autres, dix, quinze, vingt. Et sauvages la plupart. Est-ce moi tous ces visages ? Sont-ce d´autres ? De quels fonds venus ? Ne seraient-ils pas simplement la conscience de ma propre tête réfléchissante ? " (" En pensant au phénomène de la peinture ", 1946, dans Passages, 1950). Cherchant comme les surréalistes à révéler l'inconscient, il accordait en revanche une existence propre aux créatures surgies, en perpétuel mouvement et renouvellement : " Un visage assoiffé d'arriver à la surface part du profond de l'abdomen, envahit la cage thoracique, mais à envahir il est déjà plusieurs, il est multiple " (Henri Michaux La Nuit remue, 1935). Pour autant, cette multiplicité, ce mouvement inachevé du surgissement, permettait à Michaux de questionner encore les formes et les degrés de la réalité : " Même dans les visages, un des endroits les plus réels pour moi, objet qui devenait sujet si facilement, la réalité encore manquait, passait. Plutôt que les traits, leur évanescence venait à ma rencontre, fantômes qu'une émotion éponge. Ou bien j'allais à eux, comme à des aires de circulation, à des cours, à des fontaines, à des jardins. Si peu fermé. C'est tout traversé, partagé, dissous et dissolvant un visage ; ou c'est sur l'invisible que l'on bute. Et toujours restent les yeux chargés d'un autre monde. " (Henri Michaux Émergences-résurgences, 1972). Les dessins de Michaux, " surface poétique du langage " (Jean-Louis Schefer). Les œuvres peintes et graphiques d'Henri Michaux s'inscrivent étroitement dans une démarche exploratoire visant à dépouiller les moyens d'expression littéraires et artistiques de leurs caractères acquis distincts : " Le jeu de la plume et du pinceau sont-ils vraiment la chance donnée au trouble figuratif qui rôde dans l'écriture, à une vivacité ou nervosité de figures inconnues qu'elle garde dans l'ombre, comme le rêve ou l'imagination de son invention préhistorique ? L'écriture continuerait ainsi à perdre quelque chose de sa nature première, le mouvement de signes inconnus, à peu près indéchiffrables parce que leurs "caractères" ne seraient que des humeurs [...] non des signes de choses mais la disposition de celui qui écrit, trace, fait signe et jette sur le papier des figures incomplètes [...]. Les dessins seraient ainsi comme la surface poétique du langage : la graphie ou le dessin ramène du corps et elle le ramène dans le mouvement. Quelle conséquence ? Ce corps, s'il se meut, est foule et il est, par destin, anonyme. Le mouvement réalise l'anonymat, le nerf mis à nu de ce que l'on croit un corps. Il est détail, agrandissement, démultiplication de mouvement : il n'a pas d'échelle. Il est personne. Visage seul : il fond, s'épand comme une tache au papier " (Jean-Louis Schefer, " Sur les dessins de Michaux ", dans Henri Michaux Peindre, composer, écrire, Pari
MICHAUX, Henri Visage Dessin original, signé de ses initiales en bas à droite. Frottage à la mine de plomb, 30, 5 x 23, 5 cm, encadrement sous verre. Les " frottages " d'Henri Michaux : parallèlement à son travail d'écriture, Michaux a poursuivi une activité régulière de peinture et de dessin à partir de 1934. Il a abordé diverses techniques, mine de plomb, crayons de couleurs, encre, gouache, peinture acrylique... Entre 1944 et 1947, isolé et dans un dénuement complet, Michaux a également pratiqué le frottage (technique popularisée par Max Ernst consistant à passer une mine de plomb à la surface d'une feuille de papier placée sur des matériaux en relief : selon un jeu de hasard réinterprété par l'imagination et rehaussé en conséquence, il faisait surgir de la feuille les effigies troubles des " fantômes fidèles " qui peuplaient pour lui " l'espace du dedans ". Henri Michaux en " perpétuelle fièvre du visage " : avec les frottages, notamment, s'imposaient à lui d'extraordinaires visages, vulnérables et violentés : " On est aussi dans une perpétuelle fièvre du visage. Dès que je prends un crayon, un pinceau, il m´en vient sur le papier, les uns après les autres, dix, quinze, vingt. Et sauvages la plupart. Est-ce moi tous ces visages ? Sont-ce d´autres ? De quels fonds venus ? Ne seraient-ils pas simplement la conscience de ma propre tête réfléchissante ? " (" En pensant au phénomène de la peinture ", 1946, dans Passages, 1950). Cherchant comme les surréalistes à révéler l'inconscient, il accordait en revanche une existence propre aux créatures surgies, en perpétuel mouvement et renouvellement : " Un visage assoiffé d'arriver à la surface part du profond de l'abdomen, envahit la cage thoracique, mais à envahir il est déjà plusieurs, il est multiple " (Henri Michaux La Nuit remue, 1935). Pour autant, cette multiplicité, ce mouvement inachevé du surgissement, permettait à Michaux de questionner encore les formes et les degrés de la réalité : " Même dans les visages, un des endroits les plus réels pour moi, objet qui devenait sujet si facilement, la réalité encore manquait, passait. Plutôt que les traits, leur évanescence venait à ma rencontre, fantômes qu'une émotion éponge. Ou bien j'allais à eux, comme à des aires de circulation, à des cours, à des fontaines, à des jardins. Si peu fermé. C'est tout traversé, partagé, dissous et dissolvant un visage ; ou c'est sur l'invisible que l'on bute. Et toujours restent les yeux chargés d'un autre monde. " (Henri Michaux Émergences-résurgences, 1972). Les dessins de Michaux, " surface poétique du langage " (Jean-Louis Schefer). Les œuvres peintes et graphiques d'Henri Michaux s'inscrivent étroitement dans une démarche exploratoire visant à dépouiller les moyens d'expression littéraires et artistiques de leurs caractères acquis distincts : " Le jeu de la plume et du pinceau sont-ils vraiment la chance donnée au trouble figuratif qui rôde dans l'écriture, à une vivacité ou nervosité de figures inconnues qu'elle garde dans l'ombre, comme le rêve ou l'imagination de son invention préhistorique ? L'écriture continuerait ainsi à perdre quelque chose de sa nature première, le mouvement de signes inconnus, à peu près indéchiffrables parce que leurs "caractères" ne seraient que des humeurs [...] non des signes de choses mais la disposition de celui qui écrit, trace, fait signe et jette sur le papier des figures incomplètes [...]. Les dessins seraient ainsi comme la surface poétique du langage : la graphie ou le dessin ramène du corps et elle le ramène dans le mouvement. Quelle conséquence ? Ce corps, s'il se meut, est foule et il est, par destin, anonyme. Le mouvement réalise l'anonymat, le nerf mis à nu de ce que l'on croit un corps. Il est détail, agrandissement, démultiplication de mouvement : il n'a pas d'échelle. Il est personne. Visage seul : il fond, s'épand comme une tache au papier " (Jean-Louis Schefer, " Sur les dessins de Michaux ", dans Henri Michaux Peindre, composer, écrire, Pari
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