Oeuvres complètes. [Kehl], de l'imprimerie de la Société littéraire typographique, 1785-1789. 92 volumes in-12, exemplaire à très grandes marges (208 x 122 mm), veau blond moucheté glacé, dos lisses ornés de motifs dorés avec pièces de titre et de tomaison noires, fin encadrement doré sur les plats, coupes filetées, tranches jaunes mouchetées de rouge (reliure vers 1820). Un des exemplaires tirés sur grand papier vélin comprenant les planches, comme dans le tirage in-8 (Bengesco, volume IV, p. 123). Édition monumentale financée par Beaumarchais et dirigée par Condorcet, qui parut simultanément aux formats in-8 et in-12: elle demeure la plus complète, la plus belle et la mieux ordonnée parue jusqu'alors. Outre les oeuvres littéraires, historiques et philosophiques de Voltaire, on y trouve pour la première fois plusieurs pièces de théâtre, des textes inédits, et surtout son oeuvre épistolaire, sans doute la plus attachante et la plus vivante. Beaumarchais mit tout en oeuvre pour mener à bien cette entreprise gigantesque: il racheta les caractères du typographe anglais Baskerville, acquit trois papeteries dans les Vosges, monta une imprimerie à Kehl (territoire à l'abri de la censure française) et dépensa une fortune pour acquérir les lettres et manuscrits de Voltaire. Exemplaire entièrement annoté par l'académicien Alexis Guignard de Saint-Priest (vignette ex-libris): «J'ai commencé le 1er mars 1848 et j'ai entièrement terminé la lecture et l'annotation de Voltaire le 16 janvier 1850, la veille de ma réception à l'Académie française» (volume xci, p. 372). Environ 75 des volumes portent des notes généralement très abondantes, réflexions très rédigées ou simples appréciations, jugements de valeurs ou analyses objectives: «Candide est la production spontanée, naturelle, du génie de Voltaire. Il ne tâtonne plus, il n'imite plus Hamilton, Swift, Le Spectateur, comme dans Micromégas ou dans Zadig. Il est lui.» (t. lvi, p. 383), «Ce livre [Essai sur les moeurs et l'esprit des nations] pourrait être appelé l'Histoire des ridicules de l'esprit humain. De là ses défauts, mais de là aussi son originalité, et sa physionomie c'est l'histoire écrite par Méphistophélès dans un accès de bonne humeur!...» (t. xvii, p. 3), «quels vers délicieux», «délire», «c'est un sophisme»... Certaines anotations évoquent également le xixe siècle, ses hommes et ses événements: Chateaubriand, Montalembert, mademoiselle George, la IIe République, et Saint-Priest livre de nombreux détails sur son élection à l'Académie: «élu malgré une formidable cabale», «trois grands judas qui avaient solennellement promis», «nolite confiteri scriptoribus», etc. Avec plusieurs croquis par Saint-Priest, généralement à la plume, représentant des portraits de Voltaire, Madame Denis, Lekain, Rachel, etc. Diplomate et littérateur, le comte de Saint-Priest (1805-1851) est né en Russie d'une princesse Galitzin et d'un diplomate français en émigration devenu gouverneur d'Odessa. Il fut très lié au fils aîné du duc d'Orléans, et mena lui-même une carrière diplomatique sous la monarchie de Juillet, en poste au Brésil, au Portugal et au Danemark - il fut fait pair de France. Dans les années 1840, il s'occupa essentiellement de littérature et d'histoire, publiant divers ouvrages personnels ainsi que des traductions du russe. Il fut élu à l'Académie français en 1849, contre Balzac, et mourut de la fièvre typhoïde peu de temps après lors d'un voyage à Moscou. Bel exemplaire en reliure uniforme, à très grandes marges, avec défauts néanmoins: dos légèrement passés avec rares accrocs, 4 volumes presque déboîtés et quelques uns se déchaussant, plusieurs planches manquantes, une garde manquante, le volume lxxiii avec une trentaine de feuillets manquants, quelques feuillets un peu effrangés, quelques planches affectées par les notes manuscrites dont une maladroitement mise en couleurs, mouillures dans 3 volumes
Oeuvres complètes. [Kehl], de l'imprimerie de la Société littéraire typographique, 1785-1789. 92 volumes in-12, exemplaire à très grandes marges (208 x 122 mm), veau blond moucheté glacé, dos lisses ornés de motifs dorés avec pièces de titre et de tomaison noires, fin encadrement doré sur les plats, coupes filetées, tranches jaunes mouchetées de rouge (reliure vers 1820). Un des exemplaires tirés sur grand papier vélin comprenant les planches, comme dans le tirage in-8 (Bengesco, volume IV, p. 123). Édition monumentale financée par Beaumarchais et dirigée par Condorcet, qui parut simultanément aux formats in-8 et in-12: elle demeure la plus complète, la plus belle et la mieux ordonnée parue jusqu'alors. Outre les oeuvres littéraires, historiques et philosophiques de Voltaire, on y trouve pour la première fois plusieurs pièces de théâtre, des textes inédits, et surtout son oeuvre épistolaire, sans doute la plus attachante et la plus vivante. Beaumarchais mit tout en oeuvre pour mener à bien cette entreprise gigantesque: il racheta les caractères du typographe anglais Baskerville, acquit trois papeteries dans les Vosges, monta une imprimerie à Kehl (territoire à l'abri de la censure française) et dépensa une fortune pour acquérir les lettres et manuscrits de Voltaire. Exemplaire entièrement annoté par l'académicien Alexis Guignard de Saint-Priest (vignette ex-libris): «J'ai commencé le 1er mars 1848 et j'ai entièrement terminé la lecture et l'annotation de Voltaire le 16 janvier 1850, la veille de ma réception à l'Académie française» (volume xci, p. 372). Environ 75 des volumes portent des notes généralement très abondantes, réflexions très rédigées ou simples appréciations, jugements de valeurs ou analyses objectives: «Candide est la production spontanée, naturelle, du génie de Voltaire. Il ne tâtonne plus, il n'imite plus Hamilton, Swift, Le Spectateur, comme dans Micromégas ou dans Zadig. Il est lui.» (t. lvi, p. 383), «Ce livre [Essai sur les moeurs et l'esprit des nations] pourrait être appelé l'Histoire des ridicules de l'esprit humain. De là ses défauts, mais de là aussi son originalité, et sa physionomie c'est l'histoire écrite par Méphistophélès dans un accès de bonne humeur!...» (t. xvii, p. 3), «quels vers délicieux», «délire», «c'est un sophisme»... Certaines anotations évoquent également le xixe siècle, ses hommes et ses événements: Chateaubriand, Montalembert, mademoiselle George, la IIe République, et Saint-Priest livre de nombreux détails sur son élection à l'Académie: «élu malgré une formidable cabale», «trois grands judas qui avaient solennellement promis», «nolite confiteri scriptoribus», etc. Avec plusieurs croquis par Saint-Priest, généralement à la plume, représentant des portraits de Voltaire, Madame Denis, Lekain, Rachel, etc. Diplomate et littérateur, le comte de Saint-Priest (1805-1851) est né en Russie d'une princesse Galitzin et d'un diplomate français en émigration devenu gouverneur d'Odessa. Il fut très lié au fils aîné du duc d'Orléans, et mena lui-même une carrière diplomatique sous la monarchie de Juillet, en poste au Brésil, au Portugal et au Danemark - il fut fait pair de France. Dans les années 1840, il s'occupa essentiellement de littérature et d'histoire, publiant divers ouvrages personnels ainsi que des traductions du russe. Il fut élu à l'Académie français en 1849, contre Balzac, et mourut de la fièvre typhoïde peu de temps après lors d'un voyage à Moscou. Bel exemplaire en reliure uniforme, à très grandes marges, avec défauts néanmoins: dos légèrement passés avec rares accrocs, 4 volumes presque déboîtés et quelques uns se déchaussant, plusieurs planches manquantes, une garde manquante, le volume lxxiii avec une trentaine de feuillets manquants, quelques feuillets un peu effrangés, quelques planches affectées par les notes manuscrites dont une maladroitement mise en couleurs, mouillures dans 3 volumes
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