*ROMAIN ROLAN D (1866-1944). L.A.S., Villeneuve 10 mars 1927, [à Walter Engelsmann de Dresde] ; 6 pages in?8. ROMAIN ROLAN D (1866-1944). L.A.S., Villeneuve 10 mars 1927, [à Walter Engelsmann de Dresde] ; 6 pages in?8. Très belle lettre sur Beethoven. Rolland remercie Engelsmann pour ses recherches sur la loi de création musicale dans Beethoven , qu'il a lues avec intérêt, et qui ont confirmé certaines de ses intuitions : Je ne manquerai pas de signaler votre découverte, dans les nouveaux travaux que je compte, cette année, consacrer à Beethoven. Cette unité vivante, qui porte en elle sa loi de croissance et d'accomplissement, a une grandeur surhumaine, en certains chefs-d'oeuvre de Beethoven . Il émet cependant quelques réserves, doutant que cette loi, cette unité de l'organisme musical issu du Kopfthema ou du Kofmotiv , bien qu'elle soit chez Beethoven une disposition de nature, se réalise dans toutes ses oeuvres : je ne crois pas qu'un homme puisse se maintenir, toute sa vie, à cette hauteur vertigineuse où l'esprit de l'artiste créateur s'identifie avec la force cosmique. Beethoven, si sincère, l'a bien dit, avec un soupir de regret et sa religieuse humilité . Et Rolland de citer en allemand un propos de Beethoven… Mais s'il reconnaît que la plupart des explications sentimentales des oeuvres de Beethoven sont enfantines et rabaissent le sens quasi supraterrestre de la musique pure , il se refuse à dépouiller celleci de tout coeur : que la création musicale participe à la création cosmique, est-ce une raison pour lui refuser ce coeur qui brûle, qui désire, qui souffre, qui se passionne ? Le coeur appartient au Cosmos tout entier . Ainsi la philosophie indienne, qu'il connaît bien et qui attirait également Beethoven, enseigne que la tragédie se trouve dans la nature entière : Rien ne peut être vie, sans être, par ce seul fait, tragédie, puisqu'elle va de la naissance à la mort. […] Pourquoi irions-nous réduire la création artistique, qui est le plus puissant miroir de la vie cosmique, à un intellectualisme pur ? Nous devons épouser toutes les puissances du Cosmos, mais non renoncer les nôtres . Et si l'instinct génial de Beethoven ne se trompe pas en créant […] il a besoin ensuite de s'expliquer sa création , en cherchant le sens émotif et passionnel du processus musical qui s'est accompli en lui... C'est pourquoi Rolland peut sentir battre le coeur du Cosmos dans une grande oeuvre d'art, une oeuvre de génie : Si je peux mal le définir, je sais qu'il est. Dans chaque sonate ou symphonie, le pouls tragique bat sous mon doigt ….
*ROMAIN ROLAN D (1866-1944). L.A.S., Villeneuve 10 mars 1927, [à Walter Engelsmann de Dresde] ; 6 pages in?8. ROMAIN ROLAN D (1866-1944). L.A.S., Villeneuve 10 mars 1927, [à Walter Engelsmann de Dresde] ; 6 pages in?8. Très belle lettre sur Beethoven. Rolland remercie Engelsmann pour ses recherches sur la loi de création musicale dans Beethoven , qu'il a lues avec intérêt, et qui ont confirmé certaines de ses intuitions : Je ne manquerai pas de signaler votre découverte, dans les nouveaux travaux que je compte, cette année, consacrer à Beethoven. Cette unité vivante, qui porte en elle sa loi de croissance et d'accomplissement, a une grandeur surhumaine, en certains chefs-d'oeuvre de Beethoven . Il émet cependant quelques réserves, doutant que cette loi, cette unité de l'organisme musical issu du Kopfthema ou du Kofmotiv , bien qu'elle soit chez Beethoven une disposition de nature, se réalise dans toutes ses oeuvres : je ne crois pas qu'un homme puisse se maintenir, toute sa vie, à cette hauteur vertigineuse où l'esprit de l'artiste créateur s'identifie avec la force cosmique. Beethoven, si sincère, l'a bien dit, avec un soupir de regret et sa religieuse humilité . Et Rolland de citer en allemand un propos de Beethoven… Mais s'il reconnaît que la plupart des explications sentimentales des oeuvres de Beethoven sont enfantines et rabaissent le sens quasi supraterrestre de la musique pure , il se refuse à dépouiller celleci de tout coeur : que la création musicale participe à la création cosmique, est-ce une raison pour lui refuser ce coeur qui brûle, qui désire, qui souffre, qui se passionne ? Le coeur appartient au Cosmos tout entier . Ainsi la philosophie indienne, qu'il connaît bien et qui attirait également Beethoven, enseigne que la tragédie se trouve dans la nature entière : Rien ne peut être vie, sans être, par ce seul fait, tragédie, puisqu'elle va de la naissance à la mort. […] Pourquoi irions-nous réduire la création artistique, qui est le plus puissant miroir de la vie cosmique, à un intellectualisme pur ? Nous devons épouser toutes les puissances du Cosmos, mais non renoncer les nôtres . Et si l'instinct génial de Beethoven ne se trompe pas en créant […] il a besoin ensuite de s'expliquer sa création , en cherchant le sens émotif et passionnel du processus musical qui s'est accompli en lui... C'est pourquoi Rolland peut sentir battre le coeur du Cosmos dans une grande oeuvre d'art, une oeuvre de génie : Si je peux mal le définir, je sais qu'il est. Dans chaque sonate ou symphonie, le pouls tragique bat sous mon doigt ….
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