Beschreibung:

RONSARD, Pierre de (1524-1585) et Simon BOUQUET (actif dans la seconde moitié du XVIe siècle).
Bref et sommaire recueil de ce qui a esté faict et de l'ordre tenue a la joyeuese et triumphante entree de ... Charles IX en sa bonne ville et cité de Paris…le Mardy sixiesme jour de Mars avec le couronnement de…Madame Elizabet d’Autriche son espouse, le Dimanche vingtcinquiesme et entrée de ladicte dame en icelle ville le jeudi XXIX dudict mois de Mars, MDLXXI. Paris : Denis du Pré pour Olivier Codoré 1572.
L’un des plus beaux livres d’entrées royales, en édition originale. Le projet d’une entrée royale, concrétisé en 1572, murissait en réalité depuis plus d’une dizaine d’années -initialement cette entrée devait succéder immédiatement au sacre du roi à Reims, le 15 juin 1561. Une première série de reports, et surtout, les nuages noirs de la première Guerre de Religion qui s’amoncellent, avant d’éclater en mars 1562, laissent le projet en suspens.
Ce n’est qu’en 1570 que l’idée refait surface. L’entrée servirait ainsi à célébrer, d’une part la fin de la Troisième guerre de religion et la paix de Saint-Germain en août, et le mariage entre Charles IX et Elisabeth d’Autriche prévu en novembre de la même année, suivi du couronnement d’Elisabeth – une succession d’événements heureux apparaissant comme l’alignement de planètes idéal pour organiser cette fastueuse cérémonie.
La décision est prise, certes, mais l’événement est, à nouveau, maintes fois reporté -fin novembre, puis début janvier, mi-février, 5 et enfin 6 mars 1571 sont considérés successivement, des retards en partie dus à l’exceptionnelle rudesse de l’hiver et à la montée des eaux de la Seine.
L’assemblée municipale fait voter un budget colossal pour faire face aux dépenses, et charge Ronsard et Dorat de l’organisation pratique et de l’aspect artistique et iconographique de la cérémonie, sous la direction de Simon Bouquet, un des quatre échevins de la ville de Paris. Ce dernier parlera d’ailleurs de cette cérémonie comme du « sien petit labeur » -son nom moins prestigieux que celui des deux poètes ne doit pas nous tromper : plusieurs poèmes présents dans le Recueil sont de sa main, et c’est bien lui qui a sélectionné les artistes et artisans devant exécuter le programme iconographique.
Tout commence avec les bois gravés par Olivier Codoré qui doivent en fait servir de référence aux artisans pour confectionner les arches et autres décorations monumentales devant ponctuer le parcours des souverains. Ce qui ne veut pas dire que certaines libertés ne pouvaient ou n’aient dû être prises : ainsi, le feuillet n°30 nous indique que la gravure représente « au peu pres le pourtraict » du théâtre de l’Hyménée alors que le feuillet n°35 est certain de rapporter « au plus pres du naturel » l’arc du pont Notre-Dame. Il y a donc eu quelques modifications entre les décorations telles que représentées dans le Recueil et celles qui ont vraiment été érigées. Il est également assez difficile de dater la rédaction du déroulé des processions. Une référence au « beau jour qu’il faisoit lors » (f. 13v.) pourrait suggérer qu’il s’agit à proprement parler d’un compte-rendu, rédigé sur le moment et complété ensuite, mais rien n’exclut qu’une grande partie n’ait été composée en amont, et elle devrait ainsi être comprise comme un déroulé idéal, tel qu’il avait été prévu par les organisateurs. Les comptes municipaux indiquent même que des modifications tardives durent être apportées au recueil lui-même, en réimprimant plusieurs feuilles, « lesquelles il falloit refaire, pour avoir trouvé que l’ordre d’aucuns seigneurs et dames n’avoit esté bien observé ». Outre ces modifications tardives, le recueil tel que publié comprend nombre d’erreurs typographiques, de retranscription du grec ou du latin et même, omet parfois des noms propres (voir f. 50r pour l’entrée royale et f. 20v pour l’entrée de la reine).
USTC 6239 ; J.P. Barbier-Mueller, MBP, II-1, 79 ; Diane Barbier-Mueller, Inventaire…, 746 ; N. Ducimetière, Mignonne…, 93 ; Graham et McAllister Johnson, The Paris entries of Charles IX and Elisabeth of Austria, 1571, with an analysis of Simon Bouquet's "Bref et sommaire recueil", 1974.
In-4 (214 x 156 mm). Édition originale. Marque de l’imprimeur au héraut d’armes sur la première page de titre, répétée sur la seconde. 16 planches à pleine page gravées sur bois par Olivier Codoré dont une dépliante. Bandeaux, lettrines et culs-de-lampe (court et irrégulier de marges, sans perte mais atteignant parfois la première ligne de texte)
Reliure signée de Duru, datée 1850 : maroquin framboise, dos orné à froid, lettre dorée, gardes de papier marbré, tranches dorées sur marbrure.
Provenance : ex-libris A.M. ou AW –ex-libris LM.