SAINT-SAËNS Camille (1835-1921). L.A.S. « C. Saint-Saëns », Louxor 26 janvier 1910, à Caroline de SERRES ; 2 pages in-4. Belle lettre d’Égypte sur ses compositions musicales. Il commence par faire la morale à sa « chère Caro », sachant pourtant que « les femmes détestent ça. [...] Vous me rappelez ma chère mère, qui lorsqu’elle n’avait pas de sujets de tourments s’ingéniait à en fabriquer d’imaginaires avec un talent déplorable. Avec une telle tournure d’esprit, on n’est jamais heureux »… Puis il en vient à sa musique : « j’espère bien que vous entendrez ma Proserpine pour laquelle j’ai toujours trouvé qu’on était injuste. Que voulez-vous ? le Hibou admire ses enfants. En attendant Phryné triomphe à l’Opéra-comique. On avait tout fait [...] pour faire de Phryné l’ombre de Paillasse, et c’est le contraire qui s’est produit. J’espère que ma petite drôlerie prendra racine au répertoire, et que les théâtres de province qui n’en voulaient pas lui deviendront plus favorables. Mais dans les théâtres, j’ai toujours passé pour un intrus, et l’on montera plutôt une pièce qui n’a pas de succès qu’une des miennes quand elle en a. Phryné a eu naguère près de 100 représentations à l’Opéra-comique et cela n’y a rien fait. Depuis que je suis en Égypte, j’ai beaucoup travaillé. J’ai fait un duo pour violon et vcelle, pour Ysaïe et Hollmann qui en sont enchantés (reste à savoir si le public sera du même avis). J’ai esquissé le 1er acte de Déjanire, avec une partie du 2d et du 3me ; j’ai orchestré une de mes Mélodies Persanes (La splendeur Vide) pour Mme de Maupeou qui me l’a demandé. Quel dommage de ne pouvoir toujours être ainsi tranquille ! Dès que je serai retourné dans l’odieuse Europe, je serai repris dans un tourbillon et ce sera le diable pour arriver à travailler. Ce soir je retourne au Caire. Comme je n’étais venu ici que pour 8 jours j’ai usé le papier à musique que j’avais apporté ; c’est ce qui me permet de vous écrire, car sans cela je serais la proie de la terrible Déjanire, une femme pas commode ! »… [La pianiste Caroline MONTIGNY-RÉMAURY (1843-1913), devenue Caroline de SERRES en 1886 lors de son remariage (pour lequel Saint-Saëns écrivit son fameux Wedding-Cake), avait été l’élève de Liszt ; remarquable pianiste, elle créa de nombreuses œuvres des compositeurs de son temps, et fut une amie proche de Saint-Saëns.]
SAINT-SAËNS Camille (1835-1921). L.A.S. « C. Saint-Saëns », Louxor 26 janvier 1910, à Caroline de SERRES ; 2 pages in-4. Belle lettre d’Égypte sur ses compositions musicales. Il commence par faire la morale à sa « chère Caro », sachant pourtant que « les femmes détestent ça. [...] Vous me rappelez ma chère mère, qui lorsqu’elle n’avait pas de sujets de tourments s’ingéniait à en fabriquer d’imaginaires avec un talent déplorable. Avec une telle tournure d’esprit, on n’est jamais heureux »… Puis il en vient à sa musique : « j’espère bien que vous entendrez ma Proserpine pour laquelle j’ai toujours trouvé qu’on était injuste. Que voulez-vous ? le Hibou admire ses enfants. En attendant Phryné triomphe à l’Opéra-comique. On avait tout fait [...] pour faire de Phryné l’ombre de Paillasse, et c’est le contraire qui s’est produit. J’espère que ma petite drôlerie prendra racine au répertoire, et que les théâtres de province qui n’en voulaient pas lui deviendront plus favorables. Mais dans les théâtres, j’ai toujours passé pour un intrus, et l’on montera plutôt une pièce qui n’a pas de succès qu’une des miennes quand elle en a. Phryné a eu naguère près de 100 représentations à l’Opéra-comique et cela n’y a rien fait. Depuis que je suis en Égypte, j’ai beaucoup travaillé. J’ai fait un duo pour violon et vcelle, pour Ysaïe et Hollmann qui en sont enchantés (reste à savoir si le public sera du même avis). J’ai esquissé le 1er acte de Déjanire, avec une partie du 2d et du 3me ; j’ai orchestré une de mes Mélodies Persanes (La splendeur Vide) pour Mme de Maupeou qui me l’a demandé. Quel dommage de ne pouvoir toujours être ainsi tranquille ! Dès que je serai retourné dans l’odieuse Europe, je serai repris dans un tourbillon et ce sera le diable pour arriver à travailler. Ce soir je retourne au Caire. Comme je n’étais venu ici que pour 8 jours j’ai usé le papier à musique que j’avais apporté ; c’est ce qui me permet de vous écrire, car sans cela je serais la proie de la terrible Déjanire, une femme pas commode ! »… [La pianiste Caroline MONTIGNY-RÉMAURY (1843-1913), devenue Caroline de SERRES en 1886 lors de son remariage (pour lequel Saint-Saëns écrivit son fameux Wedding-Cake), avait été l’élève de Liszt ; remarquable pianiste, elle créa de nombreuses œuvres des compositeurs de son temps, et fut une amie proche de Saint-Saëns.]
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