André PIEYRE DE MANDIARGUES Correspondance amoureuse à une corsaire 46 p.a.s., dont 32 lettres, 11 cartes postales et 4 poèmes, au total 78 p., sur papiers pelure colorés, de divers formats, certains reliés en petits cahiers, ou illustrés de collages (souvent érotiques, notamment de vignettes tirées de la Juliette de Sade). En 1969 (il a soixante ans), l'écrivain rencontre une jeune étudiante ; le poète est fasciné par la sensualité de la jeune femme, une relation amoureuse - et épistolaire - s'engage. Armée des "canons de son corps", la jeune "Corsaire" prend d'assaut le "vieux navire" ("tes mots, tes mines, tes images, tes parfums et tes rires ne cessent de tirer à boulets rouges sur ma vieille coque, qui s'offre au bombardement avec autant de bonheur qu'elle espère l'abordage"), la métaphore est filée à travers cette belle correspondance tendre, amoureuse, poétique et érotique. "Je n'écris plus qu'à toi" dit-il : et les lettres de s'enchaîner, à raison de plusieurs par mois au début. Le papier est coloré, l'encre aussi : "je m'entête à t'écrire en rouge sur rose, dans le louable dessein de te montrer que la couleur de mes sentiments ne change pas". Le choix des cartes postales n'est pas anodin : la Récamier de Gérard à cause de ses pieds nus, vue de Venise ("il faut passer le pont pour arriver à la chambre…"), etc. Evoque ses vacances à Venise (été 1969 et été 1970) : il se nourrit "de poulpes et de seiches avec leur encre, ce qui est une nourriture convenable aux écrivains", rend visite au sculpteur Berrocal avec lequel il projette un livre, visite des expositions. Il conseille des films à sa Corsaire cinéphile, lui suggère même des scénarios de films, l'encourage dans sa carrière au cinéma, et lui souffle quelques pseudonymes à prendre ("Le chose est très importante, car ce nom collera à toi comme Gracq sur Poirier et Eluard sur Grindel"), avec une liste de plusieurs pseudonymes suggérés. Sur son activité d'écriture : il écrit sur Bona, termine Le Lièvre de la Lune, et prépare Mascarets. Plusieurs thématiques surréalistes : l'écriture automatique ("Ta prose automatique et continue, corrigée avec intelligence…"), le rêve ("le rêve est une sorte de métro aérien"), l'incongru ("Je te remercie de ton beau sourire de truie…", "j'espère ta voix dans le machin noir qui cause"), le hasard (sa montre avance : "la seule explication que je trouve est que tu affoles les montres… en cela tu es comparable à un bel orage magnétique"), les jeux de mots (sur sa licence récemment obtenue : "je suis encore assez surréaliste pour te faire observer […] que dans LICENCE, il y a LIT et SENS. N'abuse pas trop, cependant, de l'un ni de l'autre."), l'amour fou, et, évidemment, la sexualité : "si sur ton bateau démâté tu étais obligée de te rendre à ma discrétion,… nue et mains liées derrière le dos, j'enfermerai dans ma cabine la corsaire aux beaux yeux bleus, je la fouetterai peut-être un peu, pour sa cruauté, je porterai les mains partout sur sa beauté épanouie et j'userai et j'abuserai d'elle sans aucune réserve et autant qu'il me plairait !" Imagine "entrer dans la chambre de commandement avant le lever de la corsaire, et la trouver à demi endormie, le regard un peu noyé par les vagues du récent sommeil, les cheveux en désordre comme après une tempête, les épaules nues comme des bêtes chaudes, et là je m'arrête d'imaginer… je sais que ce qu'on imagine avec beaucoup de détails ne peut plus se reproduire dans la réalité". Cette thématique maritimo-érotique n'est pas sans rappeler, notamment, La Marée (1959). Amour et humour se mélangent sans cesse : "Les ours n'ont d'autre désir que de servir de descente de lit à ton corps glorieux…", "N'oublie pas de tremper tes beaux pieds dans la froide mer d'Irlande. Elle s'en trouvera réchauffée", "Comment ne pas penser à toi, Corsaire rapide et ravageuse, comment ne pas penser à toi avec un agréable petit trouble cardiaque, toujours ?... Tu continues à peupler mes rêveries avec une vivante présence…", "Je
André PIEYRE DE MANDIARGUES Correspondance amoureuse à une corsaire 46 p.a.s., dont 32 lettres, 11 cartes postales et 4 poèmes, au total 78 p., sur papiers pelure colorés, de divers formats, certains reliés en petits cahiers, ou illustrés de collages (souvent érotiques, notamment de vignettes tirées de la Juliette de Sade). En 1969 (il a soixante ans), l'écrivain rencontre une jeune étudiante ; le poète est fasciné par la sensualité de la jeune femme, une relation amoureuse - et épistolaire - s'engage. Armée des "canons de son corps", la jeune "Corsaire" prend d'assaut le "vieux navire" ("tes mots, tes mines, tes images, tes parfums et tes rires ne cessent de tirer à boulets rouges sur ma vieille coque, qui s'offre au bombardement avec autant de bonheur qu'elle espère l'abordage"), la métaphore est filée à travers cette belle correspondance tendre, amoureuse, poétique et érotique. "Je n'écris plus qu'à toi" dit-il : et les lettres de s'enchaîner, à raison de plusieurs par mois au début. Le papier est coloré, l'encre aussi : "je m'entête à t'écrire en rouge sur rose, dans le louable dessein de te montrer que la couleur de mes sentiments ne change pas". Le choix des cartes postales n'est pas anodin : la Récamier de Gérard à cause de ses pieds nus, vue de Venise ("il faut passer le pont pour arriver à la chambre…"), etc. Evoque ses vacances à Venise (été 1969 et été 1970) : il se nourrit "de poulpes et de seiches avec leur encre, ce qui est une nourriture convenable aux écrivains", rend visite au sculpteur Berrocal avec lequel il projette un livre, visite des expositions. Il conseille des films à sa Corsaire cinéphile, lui suggère même des scénarios de films, l'encourage dans sa carrière au cinéma, et lui souffle quelques pseudonymes à prendre ("Le chose est très importante, car ce nom collera à toi comme Gracq sur Poirier et Eluard sur Grindel"), avec une liste de plusieurs pseudonymes suggérés. Sur son activité d'écriture : il écrit sur Bona, termine Le Lièvre de la Lune, et prépare Mascarets. Plusieurs thématiques surréalistes : l'écriture automatique ("Ta prose automatique et continue, corrigée avec intelligence…"), le rêve ("le rêve est une sorte de métro aérien"), l'incongru ("Je te remercie de ton beau sourire de truie…", "j'espère ta voix dans le machin noir qui cause"), le hasard (sa montre avance : "la seule explication que je trouve est que tu affoles les montres… en cela tu es comparable à un bel orage magnétique"), les jeux de mots (sur sa licence récemment obtenue : "je suis encore assez surréaliste pour te faire observer […] que dans LICENCE, il y a LIT et SENS. N'abuse pas trop, cependant, de l'un ni de l'autre."), l'amour fou, et, évidemment, la sexualité : "si sur ton bateau démâté tu étais obligée de te rendre à ma discrétion,… nue et mains liées derrière le dos, j'enfermerai dans ma cabine la corsaire aux beaux yeux bleus, je la fouetterai peut-être un peu, pour sa cruauté, je porterai les mains partout sur sa beauté épanouie et j'userai et j'abuserai d'elle sans aucune réserve et autant qu'il me plairait !" Imagine "entrer dans la chambre de commandement avant le lever de la corsaire, et la trouver à demi endormie, le regard un peu noyé par les vagues du récent sommeil, les cheveux en désordre comme après une tempête, les épaules nues comme des bêtes chaudes, et là je m'arrête d'imaginer… je sais que ce qu'on imagine avec beaucoup de détails ne peut plus se reproduire dans la réalité". Cette thématique maritimo-érotique n'est pas sans rappeler, notamment, La Marée (1959). Amour et humour se mélangent sans cesse : "Les ours n'ont d'autre désir que de servir de descente de lit à ton corps glorieux…", "N'oublie pas de tremper tes beaux pieds dans la froide mer d'Irlande. Elle s'en trouvera réchauffée", "Comment ne pas penser à toi, Corsaire rapide et ravageuse, comment ne pas penser à toi avec un agréable petit trouble cardiaque, toujours ?... Tu continues à peupler mes rêveries avec une vivante présence…", "Je
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