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Auktionsarchiv: Los-Nr. 538

George SAND (1804-1876)

Schätzpreis
3.000 € - 3.500 €
ca. 3.741 $ - 4.365 $
Zuschlagspreis:
3.200 €
ca. 3.991 $
Auktionsarchiv: Los-Nr. 538

George SAND (1804-1876)

Schätzpreis
3.000 € - 3.500 €
ca. 3.741 $ - 4.365 $
Zuschlagspreis:
3.200 €
ca. 3.991 $
Beschreibung:

Lettre autographe signée «George Sand», Nohant 18 janvier 1854, à Champfleury; 8 pages in-8 à l'encre bleue.Très intéressante et longue lettre sur la poésie et la musique populaires. [Champfleury a publié dans la Revue de Paris du 15 novembre 1853 une «Lettre à M. Ampère touchant la poésie populaire» (reprise en 1857 dans Le Réalisme), au sujet du comité présidé par Jean-Jacques Ampère pour publier un «Recueil des poésies populaires de la France».]Elle ne veut pas avoir l'air de «critiquer l'oeuvre entreprise», et, en ce qui concerne le Berry, «il y aurait un rude travail à faire, rien que pour retrouver la véritable version littéraire et musicale d'une seule de nos admirables chansons. [...] J'ai vu Chopin, un des plus grands musiciens de notre époque, et Mme Pauline Viardot, la plus grande musicienne qui existe, passer des heures à transcrire quelques phrases mélodiques de nos chanteuses et de nos sonneurs de cornemuse. Ce n'est donc pas si aisé qu'on croit [...] À bien prendre, l'oeuvre est quasi impossible, et pour des chants très anciens, où les versions varient à l'infini, il eût fallu qu'un homme comme Meyerbeer ou Rossini fût chargé, et eût bien voulu se charger de suppléer par la logique de son génie (le seul juge sinon infaillible, du moins compétent en pareil cas) à des lacunes et à des incertitudes graves. Très peu de chants ayant une valeur originale et une ancienneté établie, sont complets aujourd'hui, paroles et musique. Il s'agissait, au moins parmi ceux-là, de choisir des types, et en cela encore, il fallait le sens du génie. [...] Vous avez encore raison pour l'impossibilité de certaines traductions. Ce n'est pas seulement l'harmonie qui échappe aux lois de la musique moderne, c'est le plus souvent la tonalité». Sans parler de la gamme chinoise ou indoue, «nous avons au coeur de la France, ici et en Bourbonnais, la tonalité des cornemuses qui est intraduisible. L'instrument est incomplet, et pourtant le sonneur sonne en majeur et en mineur sans s'embarrasser des impossibilités que lui présenterait la loi. Il en résulte des combinaisons mélodiques d'une étrangeté qui paraît atroce et qui est peut-être magnifique. Elle me paraît magnifique à moi !»...Il s'agirait, si l'on suivait ses idées, «d'une révolution musicale absolue, d'un renversement de la règle, et d'une invasion de romantisme musical, bien autrement effrayante que celle du romantisme littéraire». Mais il faudrait pour cela «l'éclosion d'un génie musical de premier ordre qui se tournerait vers ce sauvage horizon de l'ancien art populaire, pour ouvrir un horizon nouveau à l'art en général. Ce génie éclora-t-il avant que la musique populaire soit tout à fait morte ? savoir !»On peut certes transcrire les rythmes, «c'est une arithmétique de l'oreille si l'on peut ainsi parler. Ce sont les tonalités, les intervalles de son qui pour être appréciés et rendus exactement auraient besoin d'un nouveau chiffre musical. Nos oreilles se sont épaissies et abruties en s'habituant aux intervalles absolus de la gamme moderne». Elle donne en exemple les bayadères, venues à Paris en 1839, qui chantaient «par quarts de ton, demi-quarts de ton, et peut-être par intervalles plus menus encore. On a cru qu'elles chantaient faux [...] Elles chantaient pourtant et sans jamais varier leur thème qui certainement avait sa règle absolue, plus savante ou tout au moins plus étendue et plus riche que la nôtre». De même pour les Indiens Ioways, «dont la gamme était insaisissable pour mes oreilles [...] Ainsi des laboureurs et des porchers de chez nous qui, lorsqu'ils ne répètent pas les chansons modernes, mais lorsqu'ils disent leurs chants primitifs, que je crois d'origine gauloise, procèdent par intervalles de tons beaucoup plus divisés que les nôtres»...Elle en vient à «la querelle du réalisme», qu'elle n'a pas suivie de sa campagne. Et elle met en garde Champfleury contre la critique: «Prenez garde, avant de ramasser un gant quelconque, de bien savoir, si c'est un gant, c'est peu

Auktionsarchiv: Los-Nr. 538
Auktion:
Datum:
19.11.2014
Auktionshaus:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
75002 Paris
Frankreich
contact@ader-paris.fr
+33 (0)1 53407710
+33 (0)1 53407720
Beschreibung:

Lettre autographe signée «George Sand», Nohant 18 janvier 1854, à Champfleury; 8 pages in-8 à l'encre bleue.Très intéressante et longue lettre sur la poésie et la musique populaires. [Champfleury a publié dans la Revue de Paris du 15 novembre 1853 une «Lettre à M. Ampère touchant la poésie populaire» (reprise en 1857 dans Le Réalisme), au sujet du comité présidé par Jean-Jacques Ampère pour publier un «Recueil des poésies populaires de la France».]Elle ne veut pas avoir l'air de «critiquer l'oeuvre entreprise», et, en ce qui concerne le Berry, «il y aurait un rude travail à faire, rien que pour retrouver la véritable version littéraire et musicale d'une seule de nos admirables chansons. [...] J'ai vu Chopin, un des plus grands musiciens de notre époque, et Mme Pauline Viardot, la plus grande musicienne qui existe, passer des heures à transcrire quelques phrases mélodiques de nos chanteuses et de nos sonneurs de cornemuse. Ce n'est donc pas si aisé qu'on croit [...] À bien prendre, l'oeuvre est quasi impossible, et pour des chants très anciens, où les versions varient à l'infini, il eût fallu qu'un homme comme Meyerbeer ou Rossini fût chargé, et eût bien voulu se charger de suppléer par la logique de son génie (le seul juge sinon infaillible, du moins compétent en pareil cas) à des lacunes et à des incertitudes graves. Très peu de chants ayant une valeur originale et une ancienneté établie, sont complets aujourd'hui, paroles et musique. Il s'agissait, au moins parmi ceux-là, de choisir des types, et en cela encore, il fallait le sens du génie. [...] Vous avez encore raison pour l'impossibilité de certaines traductions. Ce n'est pas seulement l'harmonie qui échappe aux lois de la musique moderne, c'est le plus souvent la tonalité». Sans parler de la gamme chinoise ou indoue, «nous avons au coeur de la France, ici et en Bourbonnais, la tonalité des cornemuses qui est intraduisible. L'instrument est incomplet, et pourtant le sonneur sonne en majeur et en mineur sans s'embarrasser des impossibilités que lui présenterait la loi. Il en résulte des combinaisons mélodiques d'une étrangeté qui paraît atroce et qui est peut-être magnifique. Elle me paraît magnifique à moi !»...Il s'agirait, si l'on suivait ses idées, «d'une révolution musicale absolue, d'un renversement de la règle, et d'une invasion de romantisme musical, bien autrement effrayante que celle du romantisme littéraire». Mais il faudrait pour cela «l'éclosion d'un génie musical de premier ordre qui se tournerait vers ce sauvage horizon de l'ancien art populaire, pour ouvrir un horizon nouveau à l'art en général. Ce génie éclora-t-il avant que la musique populaire soit tout à fait morte ? savoir !»On peut certes transcrire les rythmes, «c'est une arithmétique de l'oreille si l'on peut ainsi parler. Ce sont les tonalités, les intervalles de son qui pour être appréciés et rendus exactement auraient besoin d'un nouveau chiffre musical. Nos oreilles se sont épaissies et abruties en s'habituant aux intervalles absolus de la gamme moderne». Elle donne en exemple les bayadères, venues à Paris en 1839, qui chantaient «par quarts de ton, demi-quarts de ton, et peut-être par intervalles plus menus encore. On a cru qu'elles chantaient faux [...] Elles chantaient pourtant et sans jamais varier leur thème qui certainement avait sa règle absolue, plus savante ou tout au moins plus étendue et plus riche que la nôtre». De même pour les Indiens Ioways, «dont la gamme était insaisissable pour mes oreilles [...] Ainsi des laboureurs et des porchers de chez nous qui, lorsqu'ils ne répètent pas les chansons modernes, mais lorsqu'ils disent leurs chants primitifs, que je crois d'origine gauloise, procèdent par intervalles de tons beaucoup plus divisés que les nôtres»...Elle en vient à «la querelle du réalisme», qu'elle n'a pas suivie de sa campagne. Et elle met en garde Champfleury contre la critique: «Prenez garde, avant de ramasser un gant quelconque, de bien savoir, si c'est un gant, c'est peu

Auktionsarchiv: Los-Nr. 538
Auktion:
Datum:
19.11.2014
Auktionshaus:
La Maison de Vente Ader
3, rue Favart
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Frankreich
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+33 (0)1 53407710
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